Nathalie Maigrette
Nous sommes en 1957 et Martine Carol glisse déjà vers la pente finale après le four que fut Lola Montès et l'arrivée des BB and co qui changent définitivement le game. La picole aussi, semble-t-il...
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le 15 juin 2023
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Il fallait un succès de toute urgence pour l'ultra-sexy Martine Carol, dont la carrière avait souffert énormément de l'échec injuste de Lola Montès, son meilleur film et son meilleur rôle, et qui était de plus en plus écrasée par l'ombre menaçante de l'ultra-sexy et plus jeune Brigitte Bardot.
Ce sera chose faite avec Nathalie, qui marchera très bien auprès du public, donnant même lieu à une suite. Mais le déclin sera tout de même inéluctable (en rien arrangé par une Nouvelle Vague bientôt prête à déferler, achevant de faire paraître le sex-symbol has been !) jusqu'à une fin aussi précipitée que tragique.
Bref, pour sauver la carrière de Martine Carol, il faut la mettre à fond en valeur, quitte à réduire au strict minimum du minimum les séquences où elle n'apparaît pas. Ce qui fait que le scénario souffre considérablement en passant très vite sur les crimes qui lancent les mésaventures de l'héroïne, en passant très vite et d'une manière très confuse sur leur exécution et sur leurs motifs, en négligeant conséquemment des personnages (car si ces derniers sont liés de près aux personnes assassinées, ils ne le sont pas du tout avec la protagoniste !) qui promettaient pourtant d'être savoureux, à l'instar du vieux comte sénile, joué par Aimé Clariond, et de son domestique langue de pute, joué par Jacques Dufilho. Non, l'important, c'est Martine Carol.
Mais même s'il est impossible de faire abstraction de ce problème, cette comédie policière est suffisamment divertissante pour que l'on passe un bon moment.
Il faut bien dire qu'Henri Jeanson fait bien claquer les répliques cinglantes et bourrées d'esprit. Et que les seconds rôles, que ce soit Louis Seigner, en policier colérique, Michel Piccoli, lui aussi en gardien de la paix, dont la caractéristique principale est de ne pas être dégourdi du tout, ou l'excellent Philippe Clay, en gangster aussi glaçant que drôlement sarcastique, sont aux petits oignons.
Quant à cette chère Martine Carol, son réalisateur de mari (à l'époque !), Christian-Jaque, après l'avoir égarée dans des films d'époque pompeusement ennuyeux (Lucrèce Borgia, Nana ; pour ce qui est de Madame du Barry, il échappe à ce reproche, car adoptant un ton léger !) retourne à un genre qui leur va beaucoup mieux quand ils travaillent ensemble (au passage, pour bien mettre en exergue combien c'est la fin d'une époque pour elle, c'est leur toute dernière collaboration !) et ne manque jamais une occasion de la sublimer (bien aidé par le physique de rêve de son épouse !) et de la rendre pétillante (bien aidé par l'énergie de la principale concernée !). Si elle cabotine quelquefois (mais je lui pardonne !), l'actrice est totalement dans son élément dans la peau de cette jeune mannequin très futée, ayant une redoutable répartie et un grand courage physique.
Ah oui, une dernière chose, qu'est-ce qu'ils savaient s'habiller à l'époque. L'élégance des costumes est un régal.
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le 17 janv. 2022
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