En surgissant de ma lecture hallucinée du manga éponyme, chef d'oeuvre absolu de Miyazaki, j'ai pris le risque de revoir dans la foulée son adaptation cinématographique, ou plutôt l'adaptation libre d'un peu plus que le premier tome (sur sept)...
Miyazaki a toujours privilégié les héroïnes aux héros. Sans forcément parler d'artiste féministe, ses histoires se prêtent beaucoup plus à mettre en exergue des qualités incarnées de tous temps par des figures féminines manquant grandement à ce monde. Nausicaä est en ce sens une illustration parfaite.
Que dire de Nausicaä ? C'est l'héroïne absolue de Miyazaki, incarnant l'innocence, la compassion, l'amour, la détresse, l'empathie, le courage, l'inébranlable volonté de faire triompher la paix dans un monde rongé par la guerre. On peut légitimement retrouver en elle le miroir inversé de Mononoké, mais également un brin de Kiki de par sa capacité à se faire aimer et sa joie de vivre, un zeste de Chihiro du fait de son parcours initiatique bouleversant son regard sur son monde, un pincée de l'innocence de Sheeta, sans oublier une bonne dose d'intrépidité de Fio...
Que dire du film ? Il synthétise toutes les angoisses de Miyazaki. Un monde rongé par la pollution et les conflits... Une humanité toujours aussi batailleuse, incapable d'apprendre de ses erreurs... Et Nausicaä. Princesse du vent, gardienne de sa vallée, égérie de son peuple, en communion avec la nature et les insectes gardiens de la fukaï, forêt mortelle rognant toujours un peu plus le territoire des humains... Ses aventures nous emportent dans un tourbillon d'émotions avec une forte inclination au mystique... Plus le scénario se dévoile, plus le spectateur que nous sommes a foi en Nausicaä.
Bien que datant de 1984, l'animation reste superbe, virevoltante et dynamique. Le détail n'est pas aussi poussé que ses productions ultérieures, mais rien de dommageable. La musique signée Joe Hisaishi comme toujours, est superbe et puissamment évocatrice, on regrettera cependant une orchestration très 80's, à grands renforts de synthétiseurs (violons et pianos compris...).
Malgré la comparaison avec le Manga, je ressors du film avec le sourire aux lèvres et l'âme sereine. La magie persiste malgré la simplicité de l'intrigue par rapport au manga. Mais aurait-il été réellement adaptable ? J'en doute fortement.
Nausicaä reste en tout cas mon héroïne préférée de tout l'univers Miyazaki, sans conteste ma favorite de toute l'animation.
Critique du manga.