L'indéniable succès que fut Nausicaä de la Vallée du Vent permis dans la foulée la naissance de Ghibli, aussi est-il de coutume de considérer le second long-métrage d'Hayao Miyazaki (adapté de son propre manga éponyme) comme étant une création à part entière du légendaire studio, et je n'irai pas prétendre le contraire ; au regard de son impact incroyable, ce film en disait alors long sur le devenir de Ghibli, première pierre à l'édifice d'une filmographie qualitativement exceptionnelle.
Ce qui saute d'abord au yeux consiste naturellement en l'envergure scénaristique de Nausicaä, dont l'intrigue compile bon nombre de thèmes propres au futur papa de Totoro, Chihiro et consort ; d'entre toutes ses créations, ce doit d'ailleurs être Nausicaä qui arbore le plus vibrant plaidoyer en faveur du respect de notre environnement, ceci tout en nous bluffant au gré d'une trame aux multiples ressorts.
S'apparentant à une compilation parfaite de tout ce qui fera le style de Miyazaki (jeune héroïne marquante, l'ombre des armes de destructions massives ou encore un intérêt pour l'aéronautique), le long-métrage nous conte de ce fait les aventures de Nausicaä, princesse du royaume de la Vallée du Vent au cœur d'un univers post-apocalyptique (mille ans après les "Sept jours de feu") captivant de par ses différents enjeux (écologique comme politique, avec la survie de l'humanité en ligne de mire) ; empreint d'un rythme efficient, la trame s'avère de bout en long truffée de péripéties palpitantes, d'actes de bravoures renversants ou encore de séquences épiques, de quoi nous attacher sans retenue au destin de l'incroyable princesse.
À la fois majestueux comme terrible, Nausicaä de la Vallée du Vent ne manque donc pas d'impressionner, la superbe BO de Joe Hisaishi conférant au tout une atmosphère immersive aux multiples visages, tandis que d'un point de vue technique l'animation fait mouche d'une bien belle manière ; dans la forme le long-métrage est ainsi (sans surprise) irréprochable, d'où une alchimie faisant des merveilles avec un scénario décidément intéressant.
Ce dernier achève d'ailleurs de nous convaincre au moyen d'une galerie de protagonistes très efficace, Nausicaä s'avérant en ce sens inoubliable, mais pas que : les figures secondaires ne sont en effet pas en reste, celles-ci incarnant d'une manière ou d'une autre une pluralité de points de vue faisant de l'intrigue un ensemble d'enjeux complexe, à l'image d'une Kushana rappelant Dame Eboshi (Mononoké) de par son ambiguïté (on ne peut pas la ranger facilement dans la case antagoniste), d'Asbel ou encore du fort sympathique Kurotawa.
Bref, au terme d'un dénouement aussi dantesque que magnifique, Nausicaä de la Vallée du Vent me faire dire qu'il s'agit là de l'un des tous meilleurs long-métrages de Miyazaki, car à la fois prenant à souhait et en avance sur son temps (sur bien des plans) ; un divertissement réussi et adulte vous marquant comme il se doit en somme, constituant des prémices de bon augure pour le célèbre cinéaste et l'emblématique studio japonais.