Nausicaä de la vallée du vent
7.9
Nausicaä de la vallée du vent

Long-métrage d'animation de Hayao Miyazaki (1984)

Comme souvent quand je suis déçue d'un produit, je suis la première peinée. Dans le cas de Nausicaä, je ne m'attendais à rien et j'apprécie d'une façon générale le film malgré tout. J'en suis cependant ressorti avec l'impression que le film pouvait faire mieux. Heureusement, Mononoké est là pour nous montrer que Myazaki A fait mieux.


Cependant, je ne peux pas passé à côté de la critique de ce film, puisque je n'en ai trouvé aucune reflétant mon opinion (ce qui est bien rare.)
A mes yeux, le seul défaut de ce film est Nausicaä. L'animation est correct pour l'époque, l'univers est excellent, la charte graphique aussi, le thème abordé, tout est appréciable sans être nécessairement transcendant.
Si ce n'est Nausicaä, donc, qui est une Mary Sue.


Pour ceux qui ne connaissent pas l'expression, Mary Sue (Gary Sue pour les hommes) est le nom donné au personnage trop parfait. Le héros too much. Pour définir où est le trop dans l'héroïsme, il faut se fixer comme limite celle de l'erreur. Tout en ayant les qualités attendues de courage, de beauté et de grandeur d'âme, il faut que le protagoniste fasse une erreur quelque part, qu'il ait un défaut. Sinon, il risque de lutter contre son histoire. De façon à être clair dans mes propos, je vais comparer Nausicaä et Mononoké.


Pour commencer, si le protagoniste ne fait jamais d'erreur, il ne peut pas être responsable de l'élément perturbateur. Quel est-il dans ce film ? Un vaisseau tombe et emmène l'intrigue à l'héroïne. Soit. Dans Mononoké, c'est le sanglier. Mais ce qui va le forcer à participer à l'aventure c'est la blessure qu'il a subit, son erreur en tant que guerrier.


La différence fondamentale entre les deux scènes est que dans Monoké, on inclue la malédiction qui va le suivre et qui va l'obliger à apprendre quelque chose. Car sans tomber dans le récit initiatique, il faut que le personnage ait changé entre le début et la fin du récit. Que ce soit son but, sa conception du monde ou son caractère, il faut que son aventure impacte sur lui comme il impacte sur le spectateur. Je n'aime pas trop utiliser l'expression "il faut" mais c'est en regardant Nausicaä que je sens le plus la nécessité de cette écriture du personnage.


Concrètement si on place la situation initiale, non pas du récit mais des personnages dans Nausicaä :
- Elle est princesse aimée et écoutée par son peuple
- Elle sait qu'on peut purifier la forêt en puisant l'eau en profondeur.
- Elle sait diriger les Omus.
- Elle est contre la guerre, paumée dans son village qui s'en sort pas trop mal.
Ce qui signifie que, sans l'élément perturbateur, elle aurait probablement fini par trouver une solution contre les spores ou bien les premières forêts auraient assainies l'air toute seule. D'autant plus que le village n'est contaminé de spores qu'à cause de l'élément perturbateur. Maintenant, si on regarde la fin du récit ...
- Elle est princesse aimée et écoutée par son peuple
- Elle sait qu'on peut purifier la forêt en puisant l'eau en profondeur.
- Elle sait diriger les Omus.
- Elle est contre la guerre, paumée dans son village qui s'en sort pas trop mal.
- Les villes voisines se sont auto-détruit.
Voilà. Rien n'a changé à par vaguement le monde autour d'elle, ce qui implique des personnages dont on se fout, voire qu'on déteste.


Pour revenir à Mononoké, puisque je devais les comparer, le héros se retrouve aussi dans une guerre contre deux camps qu'il ne connait pas et sans qu'il ait de réel affinité avec l'un ou l'autre. Les deux s'opposent à la guerre en tant que tel, particulièrement parce qu'en touchant la forêt elle met en danger tout le monde. Sauf qu'Achitaka a quitté son village natale. Il ne prend pas position pour se sauver mais pour sauver les deux camps, il ne rentrera pas chez lui à la fin. Primo il va gagner le respect des deux camps pour qui on a de l'attachement grâce au développement des personnages, deuxio il ne rentrera jamais chez lui. Parce que son but a changé. Quelque chose en lui a changé durant le film, on ne retourne pas à la situation initiale. Sans vouloir trop spoiler pour les gens qui n'ont pas vu Mononké, la fin est aussi très différente. Elle est beaucoup plus amer dans Mononoké.


Donc, voici grossièrement le problème des Mary Sue. Elles ne peuvent pas évoluer, elles ne peuvent pas changer, car elles sont parfaites dès le début. Et comme elles ne font pas d'erreurs, l'intrigue se résume souvent à rattraper la connerie des autres. Certes, Nausicaä est carrément badass sur tous les plans, mais c'est un rôle qui sied plus aux personnages secondaires comme Yuppa (qui est un Gary Sue) car ils ont un rôle de mentor et peuvent intervenir pour sauver une situation désespérée.
Ne serait-ce que pour une question d'identification au personnage, il est plus intéressant de faire passer son message dans l'apprentissage du héros que dans l'accusation des méchants. Je trouve plus pertinent de suivre la façon dont Achitaka contrôle sa colère naturelle pour trouver comment faire la paix, avec ce que ça implique de frustration, de pardon, de douleur et d'impuissance, que de suivre Nausicaä qui a déjà fait tout ce travail psychologique AVANT le début du film.

EliseMarty
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le 6 févr. 2016

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EliseMarty

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