J'étais curieux de savoir ce qui avait bien pu pousser Oliver Stone à replonger dans le conflit vietnamien à peine deux ans après la consécration Platoon. Mais il ne faut pas longtemps pour comprendre tout ce qui a pu séduire le réalisateur dans le parcours ô combien symbolique de Ronnie Kovic. A travers lui, Stone n'ausculte pas tant le Vietnam que l'Amérique des années 60 et 70, et la transition idéologique qui s'opère dans un pays déchiré qui va passer de l'indifférence à la prise de conscience.
Evidemment, Né un 4 juillet n'apprend pas grand chose de nouveau sur les traumatismes pyschologiques et physiques des vétérans ni sur le conflit à proprement parler. Stone en est sans doute pleinement conscient, puisqu'il me semble avoir reconnu quelques références à des oeuvres sur la guerre (Apocalypse now, Johnny got his gun, entre autres). Mais cela ne l'empêche pas de proposer une vision sensible, intelligente et poignante qui entremêle l'histoire individuelle et l'Histoire collective. Les choix de Stone s'avèrent particulièrement pertinents, par exemple dans cette peinture volontairement sirupeuse et idyllique des USA pré-Vietnam, à une époque où Kovic croit toujours aux idéaux américains véhiculés par le gouvernement. D'autres séquences ressortent, comme celle de l'hôpital, avec notamment ce plan terrible de la rotation du lit qui à elle seule en dit plus qu'un long discours, ou celle dans le désert mexicain durant laquelle le héros se retrouve littéralement face à ses démons.
Dans la peau de Kovic, Tom Cruise impressionne autant par sa justesse que par sa capacité à matérialiser en un regard l'évolution du personnage à mesure qu'il vieillit. Il y a quelque chose de déconcertant à voir l'acteur naviguer entre deux films aussi idéologiquement antagonistes que Top Gun et Né un 4 juillet, mais pourtant la star parvient réellement à se faire oublier derrière le masque de Kovic, et confirme un an après Rain Man qu'il est là pour durer.
*PS / HS : Je suis le seul à avoir pensé au thème de Terminator en entendant la musique de John Williams ? Bah, sans doute.