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Dire que "Near Death Experience" est déconcertant est un euphémisme. Car, si Paul, le personnage qui est de tous les plans, fait l’expérience de la « mort imminente », pour le spectateur, c’est une œuvre curieuse à plusieurs titres qui se dévoile sous ses yeux. L’aspect le plus troublant est, sans grande surprise, la prestation de Michel Houellebecq elle-même. L’écrivain est en lui-même un « personnage ». Sa silhouette, sa dégaine, sa tronche, racontent des histoires à elles toutes seules. "Near Death Experience" a quelque chose du film « méta », car la perception que l’on a de Paul, le personnage de fiction, subit immanquablement l’influence des clichés et autres images, plus ou moins fantasmées et avérées, qui collent au personnage médiatique. Houellebecq : le pessimiste, le déprimé, le misanthrope… Paul se nourrit de l’aura de celui qui l’incarne. L’acteur ne se fait même pas oublier derrière le personnage et c’est sans doute l’effet recherché.

Near Death Experience relève également du « film cerveau ». Les décors, l’environnement du personnage se transforment en espaces psychanalytiques en même temps qu’ils semblent refléter son état mental. Benoît Delépine et Gustave Kervern ont opté pour une image vidéo en basse définition, laissant les couleurs déborder de leurs contours naturels, traduisant le flou embrumant l’esprit de Paul. Les cadres ne donnent (à quelques exceptions près) jamais à voir précisément les visages d’autres individus. La caméra se focalise sur Paul, qu’elle achève d’isoler. Il ne reste plus alors qu’à laisser les soliloques investir la bande son. Exemple : « J’ai toujours pensé que se foutre en l’air nécessitait certes du courage mais aussi de la chance. On ne compte plus les suicides ratés pour cause de déveine. Certains de ces désespérés y voient, par lâcheté, un signe divin. Ce ne sera pas mon cas. » Ces déclarations au ton définitif, absurdes, poétiques, triviales (chacun jugera selon sa sensibilité de leur qualité littéraire) composent une mélopée atone qui nous berce tout en perçant l’intériorité du suicidaire.

Placée sous influence baudelairienne (influence clairement revendiquée), Near Death Experience sublime le spleen et se fait l’écho de la beauté de la laideur. Aussi drôle – on rit vraiment beaucoup – que désabusé, le film mêle, sans que le mariage ne paraisse forcé (il relèverait même plutôt de l’évidence) les univers de Houellebecq et du duo Kervern-Delépine.
Giallover
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le 6 oct. 2014

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