Je fais partie des grands admirateurs de Claude Sautet, mais bizarrement je n'étais pas particulièrement pressé de voir "Nelly et Monsieur Arnaud", un film que pour des raisons mal définies j'imaginais assez ennuyeux.
On a affaire effectivement à un scénario minimaliste, mais la relation qui s'installe entre un mystérieux Michel Serrault, riche retraité de la magistrature au crépuscule de sa vie, et la troublante autant que troublée Emmanuelle Béart, jeune femme libre mais désargentée, se révèle très vite passionnante.
Deux comédiens au sommet de leur talent pour deux très beaux portraits humains : on assiste avec gourmandise à leur rapprochement aussi étrange que tendre et ambigu.
Parmi les seconds rôles, Charles Berling est formidable en ex-mari dilettante et bienveillant, tandis que Jean-Hugues Anglade apparaît en revanche falot en écrivain amoureux.
La distribution comprend également Michael Lonsdale, Michèle Laroque, Claire Nadeau et Jean-Pierre Lorit, le genre de silhouettes - aussi brièvement esquissées que marquantes - dont regorge le cinéma de Sautet.
Il s'agit de l'ultime long-métrage du cinéaste, un peu mésestimé (même si ce dernier obtiendra le César du meilleur réalisateur en 1996, qui s'ajoute à celui de meilleur acteur pour Serrault), à tort selon moi, tant je suis resté envoûté par l'atmosphère intime et légèrement dérangeante distillée par ce quasi huis-clos.