C'est surement pas un 5 étoiles..
Véritable ovni cinématographique que ce New Rose Hotel, combinaison de Blow-Up et De Palma dans sa période "le cinéma est un mensonge" (Body double, Blow Out..) mêlé au nihilisme désespéré propre à Ferrara.
Étonné de voir qu'il était considéré comme un chef d'oeuvre méconnu, j'ai lu ici et là qu'il abordait les grand thèmes de l'identité, du faux-semblant, de l’impossibilité de l'image à représenter la réalité...C'est le cas, mise en abyme du récit, Walken est l'alter-égo parfait de Ferrara, boiteux, et désespéramment cynique il organise l'enlèvement, il le met en scène, pour ça il choisit une actrice, la pute jouée par la ravissante Asia Argento dont on ne sait plus à la fin si elle prêche le faux ou le vrai. Willem Dafoe, lui, observe, il ne participe presque pas à la machination dont on ne sait pas si il est la victime au final. Le film supprime toutes les scènes d'actions superficielles en les représentant par le biais d'un média indirect (écran, un téléphone...) comme pour douter de leur véracité. Le film est riche car il brasse habilement ces nombreuses thématiques et se montre riche en niveaux de lecture et d'interprétations possibles de l'intrigue.
Seulement voila le film ne fonctionne pas.
Si l'intrigue est bonne, en revanche le scénario est extrêmement mal écrit multipliant les ellipses et les incohérences (à dessein ?) certains dialogues semblent même improvisés tant ils sont incongrus et dissonants. A la réalisation Ferrara multiplie les gros plans à tel point qu'on finit par étouffer, on ne comprends jamais dans quel cadre spatio-temporel se situe le récit, volonté du réalisateur ? Simple manque de moyen ? Façon d'exprimer la facticité de l'image par une représentation défectueuse justement ?
Ferrara brouille les pistes, le spectateur est dérangé par sa mise en scène trop simpliste, les décors aussi semblent artificiels, tout comme la photo, parfois à peine travaillée, donnant un effet trompeur de documentaire. On est fasciné par l'univers apparemment cyber-punk mis en place par le réalisateur, l'alchimie étrange que dégage le trio d'acteurs tout en étant troublé par la maladresse de cette même réalisation. On est troublé par le corps voluptueux d'Asia Argento et par son jeu tridimensionnel (L'actrice - La pute - La vérité), dérouté par le jeu cabotin de Walken qui renforce l'impression de fausseté ou de gros ratage de l'ensemble.
Enfin la deuxième partie du film, sensée nous éclairer sur le reste du récit et ainsi ouvrir les portes de lecture du film est maladroite, mal écrite, on ne comprends pas vraiment ce qui se passe sauf quand Ferrara nous prends pour des imbéciles en nous repassant tout le film à l'envers.
Il manque des plan nécessaire à la compréhension du récit, le film est trop cérébral et manque de vitalité malgré les nombreux corps nus montrés. C'est sans doute voulu par Ferrara mais son film est au final trop démonstratif et abstrait, lorgnant parfois esthétiquement sur le téléfilm érotique d'M6.