Le projet ne m'inspirait rien de bon. D. Villeneuve est passé de réalisateur en vue à faiseur de luxe pour Hollywood. Ses derniers films annonçaient déjà la catastrophe. Esthétique léchée, désincarnation et asthénie générale. Un ton en accord avec les enjeux de la SF me dira t'on, sauf que le film porte en lui une autre ambition. Mais au lieu du voyage promis, on ne verra que des décors en CGI projetés sur les fenêtres de notre vaisseau-spectateur qui reste désespérément immobile.
Le cinéma a pourtant cette fonction magique de nous faire oublier que l'écran est plat pour nous immerger dans son monde. C'est l'effet inverse qui se produit puisque le film nous laisse à quai tant il est plat sur tous les aspects.
Il y a quelque chose de terriblement policé dans le cinéma de Villeneuve, qui se traduit dans ces grands décors et surfaces planes dont on se contente seulement d'effleurer la surface froide et lisse. Aussi le film est à l'image de son image si on peut dire, lisse, sans aspérité, sans relief, sans substance, et donc sans vie. La mise en scène ne permet quasiment jamais d'être intégré au récit, les batailles sont sans point de vue et les personnages comme figés dans le décor.
Ces mêmes personnages, souvent unidimensionnels ne sont pas servis par le peu de dialogue et une direction d'acteurs qui interdit d'entrer en empathie avec eux.
Plate est également la narration, en dépit d'un rythme paradoxalement élevé. La faute à un enchainement de séquences de valeurs équivalentes sans prendre le temps d'explorer. Les enjeux sont noyés sous un déluge de scènes d'actions sans intérêt puisque nous restons en dehors de l'histoire.
Dune est écrit comme un jeu vidéo : Après une longue exposition paresseuse où les personnages verbalisent leurs rôles et les enjeux, les scènes de combat/course poursuite s'enchainent, seulement espacées par des courtes scènes de dialogues supposées introduire la prochaine séquence d'action.
Le film démarre cependant sur une bonne idée, dans sa séquence introductive, la logique narrative du récit est inversée, et épouse le point de vue des opprimées, de Dune. Ca ne suffit pas malheureusement.
Quelle ironie qu'une histoire de prophétie, de préscience, soit aussi prévisible, ennuyeuse et semble autant écrit d'avance. L'histoire de Dune a été simplifiée, expurgée de la complexité du roman et de nombreux acteurs de sa diégèse ont disparu au profit d'un récit réduit à l'os. Il ne se passe en réalité pas grand chose en 2h30.
L'épice, au cœur de l'intrigue de l'univers d'Herbert est complétement laissé de coté. L'exploitation de cette ressource mystérieuse qui altère conscience, temps et espace, permettant ainsi de voyager dans l'univers est réduite à une simple histoire d'argent.
Le film de Lynch avait bien des défauts mais il avait de la personnalité, et une musique enivrante. Les amateurs de Hans Zimmer s'y retrouveront les autres n'auront qu'à se boucher les oreilles en entendant les chutes recyclées du déjà bruyant Blade Runner 2049.
Le Dune de Villeneuve est complétement dénué de magie, de mystère, et ses promesses de voyage à travers dans l'espace, le temps et la conscience s'avèrent nulles.