C'est un nouveau monde en couleurs... où personne ne nous dit... c'est interdit... partageons...
On trouvera toujours des gens pour dire "c'était mieux avant." Des vieux sur le retour qui ne savent pas vivre avec leur temps. Des jeunes prétentieux qui voient dans leurs valeurs un horizon indépassable. Des imbéciles arc-boutés sur des principes et un système de pensée par trop rigide et sclérosé.
New world est un film qui donne du grain à moudre à ces gens-là. Enfin, ce qu'il mout, New world, c'est plutôt leurs idées et leur tête. Menu menu, moulu.
New world, c'est l'histoire de la succession. Celle qui se lance après le décès du patron de la mafia. Dans ce nouveau monde en devenir, plusieurs forces s'affrontent. Les prétendants légitimes, les naturels, les timides, et puis aussi, bien sûr, les policiers. Des hommes qui luttent dans un monde d'hommes, un monde dur où les états d'âme n'ont pas leur place.
C'est un monde de coups bas et de manigances, un monde où personne ne prend vraiment de gants malgré la subtilité des positions et des trajectoires.
Dans New world, on suit justement les trajectoires d'un policier rongé par son boulot et le remords, un infiltré digne, un ambitieux carnivore et un autre beaucoup moins solide mais tout aussi dangereux. Au moins. Ces hommes se croisent et se toisent et se haïssent et s'estiment. Ce sont des hommes faits, l'image d'une virilité courageuse et solide.
Mais ce sont des hommes arides. Arides comme un film asiatique qui pose des plans et des silences et un monde entier de subtilités et de beauté. Des doutes et des évolutions en non-dits parce que s'il y a bien une leçon à retenir, c'est qu'il vaut mieux fermer ta gueule et bien observer. La mafia, c'est pas une sinécure. C'est pas Disneyland. Ce sont des brutes, des gens prêts à tuer, avec à leur disposition des armées d'âmes damnées prêtes à tout pour le chef, pour assurer la réminiscence d'époques révolues.
Comme tout nouveau monde, il naît dans la douleur, la souffrance, le sang et les sentiments contradictoires. Au départ, c'est calme. C'est calme une bonne heure même. Et puis, respectant à la lettre le voyage du héros, le film s'envole pour ne jamais ratterir.
Entre tous ces prétendants incarnés à la perfection, depuis les acteurs jusqu'à la réalisation, la photo, la musique, le scénario, les dialogues, et les silences — ces silences ! — la guerre est sans merci. Il est difficile de déclarer un vainqueur. Celui-ci ne semble pas vouloir se dégager, jusqu'à la dernière minute et les retournements de situation n'aident pas à trancher.
Au final, le grand vainqueur, le vrai, c'est le spectateur, car il a pu jouir de toute cette armée, au garde à vous, entraînée et prête à mourir pour son projet, mise à son service à lui, au spectateur, généreusement, habilement.
La mafia a trouvé son nouveau boss. c'est un nouveau monde. It's a New world.