Lorsque Carpenter réalise ce film au tout début des années '80, 1997 ne peut s'envisager qu'au prisme d'un futur urbain dégradé ("Les guerriers de la nuit" avaient ouvert la voie à ce type d'inquiétantes prévisions quelques années auparavant).
Le réalisateur visionnaire l'évoque dans l'interview des bonus : dans cette Amérique pré-Reaganienne, le taux de criminalité et l'émergence du régime qui va avec, relevaient d'une projection métaphoriquement plausible.
La géniale introduction installe les postulats de cette inquiétante dystopie : l'île de Manhattan est une gigantesque prison à ciel ouvert, les USA ont basculé dans un régime autoritariste. Le personnage de Snake Plissken - vétéran d'une guerre brièvement évoquée - tout droit issu d'une BD anar', est missionné pour exfiltrer le Président US, seul survivant après qu'Air force One ait été précipité contre un gratte-ciel non loin du World Trade Center, par des activistes anti-mondialistes (troublante clairvoyance).
Cauchemar urbain rythmé par une lancinante musique synthétique, malaise politique et social palpables, atmosphère millénariste, anti-héros nihiliste : on n'est pas là pour rigoler. Certains effets ont vieilli, le film a beaucoup été imité avec des avatars testostéronés, à l'action décérébrée.
L'apocalypse sociétale, Carpenter l'avait déjà entrevue en 1980 et ce fantastique là est un diamant noir et pur à la portée politique prophétique inaltérable.
A voir pour : toutes les humiliations psychologiques subies par le président américain : on n'a plu revu un rôle de président US autant malmené ! ; la présence au casting, d'interprètes de grands westerns d'une époque révolue (Lee Van Cleef et Ernest Borgnine, des vraies "gueules" de cinéma) ; la musique électronique du film.