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Ne pas se fier à l'affiche qui pourrait vaguement faire penser à un Sicario français.
Ne pas se fier aux résumés qui pourraient faire penser que vous vous apprêtez à voir un film de guerre, au sens propre du terme.
Non.
Ni le ciel ni la terre n'est ni l'un ni l'autre.
S'il se concentre, et ce d'une manière très réussie, durant sa première partie sur la partie conflit du film, il dérive tranquillement vers un délire mystique plus que déroutant.


Sa première partie en effet se concentre sur le conflit en lui-même. Sans jamais vraiment offrir de scène de conflit au spectateur (si ce n'est une, petite, un peu ratée d'ailleurs, ce qui prouve que le sujet et le but du film ne sont pas là). En effet le film se concentre plus sur les relations que peuvent entretenir les soldats qui occupe une région avec ses habitants. Le film est en cela très subtil et montre ce qu'on nous cache souvent ; les relations parfois amicales, sont surtout de l'ordre de l'utilitarisme et de l'entente cordiale. On vit sur le même lieux mais chacun respecte l'autre (même si les soldats, armés, sont bien sûr dans les faits plus puissants, imposant des conditions qu'il tentent les plus équilibrées possibles).
En cela le sujet est bien traité, et mis en scène de manière habile (la caméra en style docu, mais pas trop, qui en quelques effets de style montre un refus de faire le clair, de choisir quel plan faire net).
Mais petit à petit le filme dérive. On quitte la guerre en Afghanistan pour rejoindre des contrées plus obscures, celles mystérieuses et mystiques qui concerne tout être humain.
Le conflit se fait ainsi support et moyen de confrontation des cultures et moyen pour le réalisateur de délivrer le vrai message de fond, sorte de fable moralisatrice intelligente.
La disparition des hommes, aussi bien dans le camp terroriste que français se fait déclic et va tout bousculer. Les règles militaires se brisent petit à petit, on passe d'une nécessité sociétale à un anarchisme contingent. Le réalisateur parvient à redonner un peu de ce qu'était Apocalypse Now, dans ces scènes de bordel ambiant où rien ni personne ne résiste face à une fatalité qui met les hommes à égalité.
Car là est le vrai message du film ; face à Dieu, les hommes ne sont rien. Dieu commande, fait ce qu'il veut et les hommes peuvent se rebeller ; rien n'y fera.
Si à certains moments, pragmatiques et occidentaux athées qu'ils sont, les soldats cherchent des explications rationnelles à une réalité qui les dépasse (notamment la belle scène, longue et tendue, d'union temporaire entre rebelles et soldats français lors de la fouille de la cavité mystérieuse.), c'est pour toujours se rendre à l'évidence pas si évidente que ça, et ne se résoudre qu'à une folie raisonnée.
S'il est moins à l'aise vers la fin (la folie progressive des hommes, leurs dialogues fictifs avec leur famille, où le scénariste semble se chercher des poux) le film parvient toujours à entretenir une vraie tension mystique dont, une fois le générique défilé, on se demande encore la profondeur.


Ni le ciel ni la terre est donc un film osé, aboutit et mûri, qui révèle un vrai talent d'écriture et de mise en scène (même si l'on regrette certaines interprétations, notamment celle de Jérémie Rénier, pas si crédible que ça...) et prouve au cinéma français que l'on peut toujours trouver des idées de scénario formidablement originales.

Charles Dubois

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