A la fois thriller et film noir, Niagara a bien du mal à trouver sa propre identité. On y retrouve tous les éléments du cinéma d'Alfred Hitchcock, par moments aussi la mise en scène d'Orson Welles avec ses plans désaxés et autres ombres portées (les meilleurs plans du film, mais qui se feront bien trop rares) et certains codes du film noir (la femme fatale et les coups montés), mais avec une photo technicolor qui tranche avec les références passées du cinéma en noir & blanc.
Rose (Marilyn Monroe) est mariée à George (Joseph Cotten), un homme plus âgé qu'elle et c'est manifestement ce qui pose problème dans leur couple. Tous deux essaient donc de retrouver un peu de romance dans leur couple, tout du moins c’est l’intention de George. C'est pourquoi, pour les vacances, ils séjournent dans un bungalow à proximité des chutes du Niagara. Entre-temps, Polly (Jean Peters) et Ray ont gagné un voyage pour visiter les chutes du Niagara. Le destin réunit ces deux couples, l’un étant un couple heureux et l’autre un couple très malheureux. Il semble que Rose ait un tout autre programme impliquant son mari. Polly se retrouve alors impliquée lorsque le plan de Rose ne fonctionne pas comme prévu.
Marilyn Monroe n’était peut-être pas la plus grande des actrices dans le registre dramatique, mais elle était une vraie beauté et il y avait quelque chose de vraiment magnétique chez elle qui crève l’écran, Certains l'aiment chaud de Billy Wilder étant le plus bel exemple. Et alors que son temps de présence à l'écran n'est pas si important que ça ici et même si son nom arrive en premier en tête d'affiche, on ne voit et on ne retient qu'elle à la fin du film. En réalité, c'est Jean Peters qui incarne le premier rôle, mais elle se fait voler la vedette par Marilyn Monroe.
Jean Peters est très à l'aise devant la caméra, très naturelle et très belle, mais d'une beauté bien moins spectaculaire que Marilyn "la bombe sexuelle" Monroe. Toujours est-il que Jean Peters se révèle être le personnage le plus attachant du film, c'est à elle qu'on s'identifie. Joseph Cotten quant à lui est un acteur de renom, capable de jouer le good guy comme dans La Spendeur des Amberson (mon Orson Welles de cœur) ou de jouer le bad guy comme dans L'ombre d'un doute d'Alfred Hitchcock. Ici il joue sur les deux registres, il parvient à rendre son personnage à la fois sympathique et menaçant.
On note quelques fulgurances de mise en scène qui nous rappelle les plus grandes heures, du film noir, comme la scène du meurtre à l’intérieur du clocher. Henry Hathaway film la scène de dessus en grand angle avec des ombres portées, pour donner un sens plus tragique à la scène et sur un plan désaxé, pour rendre la scène encore plus inconfortable. Malheureusement, ce genre de mise en scène "sophistiquée" se feront bien trop rares tout le long du film.
Cependant, Niagara est un film qui profite considérablement de son cadre naturel. Capturées sur pellicules, les chutes du Niagara sont ici à couper le souffle, majestueuses, spectaculaires et vrombissantes. La beauté abonde dans Niagara, un film de 1953 qui détonne pour son époque de part sa photographie remarquablement vive et le Technicolor magnifique. Il y a la beauté et la puissance des chutes du Niagara, parfaitement mises en avant tout le long du film et la beauté de Marilyn Monroe, qui est magnifique en Technicolor.
Il n’y a vraiment pas grand-chose à dire de plus sur le film. C’est un thriller des plus classiques, qui mélange romance, trahison et meurtre, dans un cadre magnifique. Alfred Hitchcock n’a jamais utilisé Marilyn Monroe comme l’une de ses célèbres blondes Hitchcockienne. C'est Henry Hathaway qui a réalisé ce film, mais on ressent fortement une filiation avec le cinéma d'Alfred Hitchcock. Ce n’est certainement pas le film typique de Marilyn Monroe. Pour elle, c'est l'occasion d'élargir son registre de jeu en jouant le rôle de la femme fatale, mais ce n'est clairement le genre de rôle dans lequel elle se montre le plus à l'aise.
Bref, Niagara c'est un film que je recommande surtout aux amateurs des films à suspense (l'ombre d'Alfred Hitchcock plane en permanence sur le film), mais aussi aux fans de Marilyn Monroe qui voudraient la découvrir dans un registre différent.