Dans les années 80, traîne à Hollywood un certain Michael Ovitz, influent agent artistique dont le credo est « Tout le monde peut devenir une star. ». Et il se trouve que son professeur d’aïkido a une bonne tête de vainqueur ! Premier occidental à avoir enseigné dans un dojo au Japon et septième dan de sa discipline, il s’est en outre illustré en tant que coordinateur des combats sur The Challenge et Jamais plus jamais. Rêvant de premier rôle sur grand écran, l’instructeur d’arts martiaux de West Hollywood accepte donc l’offre faite par cet imprésario. Il se mue alors en scénariste, producteur et acteur pour donner naissance à son alter-ego fantasmé spécialiste de la moulinette de bras. Nico introduit ainsi le Steven Seagal première période : ce personnage de flic sauce carbonara, machiste aux entournures, adepte de la justice expéditive et tenant en respect ses ennemis par d’imparables techniques d’aïkido, constituera la matrice de ses rôles à venir.
Et cette matrice renseigne déjà sur le degré de mégalomanie caractérisant Steven Seagal. Pour fixer sa légende sur la pellicule, il intègre à la fiction des éléments autobiographiques. Avérés (son passé d’instructeur au Japon) ou contestés (ses états de service militaire), ces faits tirés de son curriculum vitae participent néanmoins à imprimer la geste seagalienne à l’écran comme dans la vie. Absurdement dense mais néanmoins agréable à suivre, l’intrigue de ce polar urbain sous stéroïdes, mêlant trafic de stupéfiants et complot gouvernemental, n’existe que pour servir de manifeste aux fondamentaux humanistes et guerriers sur lesquels reposent le code de conduite de Steven Seagal. Bref, Nico, c’est son Vinaya Pitaka !
Blague à part, Nico doit se vivre comme un moment purement régressif à la gloire de son acteur star, en témoigne le traitement réservé à ses partenaires féminins, dont le rôle n’excède pas celui de simple femme au foyer (Sharon Stone) ou de coéquipière vulnérable (Pam Grier). Je suis venu voir un grand échalas déboîter des grosses brutes, et j’ai été servi ! Un plaisir primitif d’autant plus grand que le savoir faire d’Andrew Davis, futur réalisateur de Piège en Haute Mer (toujours avec Seagal) et de Le Fugitif, emballe solidement le tout. Les spectateurs américains de l’époque ont d’ailleurs répondus présent à l’arrivée de Steven Seagal sur les écrans, ouvrant le cinéma d’action à une décennie de pétage de bras.