Première réalisation de Dan Gilroy et premier bon film. Le thème abordé est, derrière une histoire assez anecdotique bien qu'originale, véritablement ambitieux. Se dessine en effet un portrait critique d'une société américaine passablement malade. L'aspect spectaculaire et le suspens n'en sont néanmoins pas sacrifiés, au contraire, et c'est d'ailleurs ce à quoi Night Call doit en partie son succès. En partie seulement, car outre la vision stylisée et réaliste d'un Los Angeles "by night", on ne peut pas passer à côté de la prestation de Jake Gyllenhaal. Il incarne un personnage névrosé, seul et déclassé socialement, mais néanmoins débrouillard, intelligent tout en ayant des dérives franchement psychopathes. C'est peut-être même son souci d'incarnation qui fait que son jeu peut paraître légèrement forcé à certains moments. L'aspect tragicomique du film, tout en donnant un relief ne manquant pas d'humour, est cependant ce qui manque à ce film pour être le film coup de poing et excellent qu'il aurait pu être. En somme, il manque cette violence à l'état brute du personnage principal qui est parfois trop cérébral pour être vécu comme naturel. Avec Night Call, Gilroy nous donne un bon film qui aurait pu être vraiment très largement au-dessus du lot.