« Night Call »… L’art de renommer un film histoire de surfer sur la vague du succès Drive.
On préfèrera donc « Nightcrawler » qui est beaucoup plus parlant que cette 'traduction française'.
J’avais donc à tort, certains a priori et réticences à me lancer, surtout si c’est pour voir un Drive-like. Bien sûr passé les premières minutes de film, on se rend tout de suite compte qu’il n’en est rien.
Dan Gilroy nous emmène dans les ruelles sombres de Los Angeles, où Lou jeune homme sans emploi mais très ambitieux tombe par hasard sur la scène d’un accident de la route et voit des dizaines de « chasseurs d’images » essayant tous d’avoir les meilleurs séquences possibles de la scène pour ensuite les vendre au plus offrant des médias locaux.
Découvrant donc ce métier et ce mode de vie nocturne dont il ne soupçonnait absolument pas l’existence, il décide lui aussi de s’armer d’une caméra et de filmer au plus près et avant tout le monde les images les plus chocs.
En prenant de plus en plus de risques et en filmant la violence au plus près, il parvient à se faire un nom dans le milieu et dans la chaîne d’info locale qui lui achète les images.
Continuant son ascension avec des méthodes plus ou moins légales, il finit par monter son entreprise.
Encore une fois, Jake Gyllenhaal livre une superbe performance. Il interprète avec brio ce jeune homme, Lou Bloom, ambitieux, intelligent et débrouillard mais légèrement sociopathe et misanthrope. De plus son visage émacié et amaigri donne beaucoup plus d’impact à son jeu et à son personnage.
On pourrait croire à première vue que les médias avec les images qu’ils diffusent sont la seule cible de la critique que propose ce film, mais on peut facilement chercher un peu plus loin.
Car en effet, l’entreprise avec la notion de chef et de subordonné est très souvent mise en avant et Lou Bloom en est ici le principal représentant. Au fur et à mesure qu’il découvre le pouvoir des images, il finit par être complètement déshumanisé et diffuse par ses longs discours institutionnels et moralisateurs quelque chose de malsain.
On sent véritablement qu’un cap a été franchi lorsqu’il décide de faire de la rétention d’information durant une enquête de police. Il préfère cacher aux enquêteurs qu’une personne était encore vivante lorsqu’il a filmé le massacre et s’est enfui, mais également de couper la séquences ou la plaque d’immatriculation et les visages de deux meurtriers sont nettement identifiables, le tout pour encore une fois servir ses intérêts et posséder le scoop.
Riz Ahmed joue également à merveille le rôle du salarié complètement exploité par son employeur et qui n’a aucun pouvoir de négociation car il en est complètement dépendant. Il fera les frais de son chantage, seul moyen de revendication.
C’est également très bien filmé tout le long du film (le contraire aurait été un comble…) et certaines images et plans sont vraiment très beaux.
Je vous conseille donc vivement Nightcrawler, ne serait-ce que pour la magnifique interprétation de Jake Gyllenhaal qui devient de plus en plus bluffant au fur et à mesure de ses apparitions, capable d’adapter son jeu et de changer complètement de registre en fonction des besoins. Après tout c’est ce qu’on lui demande et c’est son boulot me direz-vous, mais je reste quand même très admiratif.