Le film de Yuasa est une vraie claque, tellement on n’est pas habitué à ce genre de liberté créative. C’est un concentré de joies, d’optimismes et de petits plaisirs de la vie, d’une inventivité visuelle extrêmement riche, qui n’hésite pas à changer de style d’animation, à déformer les formes, jouer sur les couleurs. L’histoire principale est assez facile à suivre : deux versions d’une même nuit, une homme cherchant à « tomber par hasard » devant la femme qui lui plait, tandis que celle-ci vogue au gré des rencontres, toutes plus loufoques les unes que les autres. Concours de beuverie, danse des sophistes, requête du dieu des foires des livres d’occasion, théâtre sauvage, espionnage à grande échelle… la nuit s’étire et semble passer à différents rythmes selon les protagonistes, leur âge et surtout leur épanouissement. L’ensemble est éminemment sympathique, on peut s’identifier à un personnage ou à un moment de vie, ou du moins avoir envie d’en faire partie. A l’image du rhume estival qui va progressivement contaminer toute la population, le film nous contamine avec sa bonne humeur et sa vision profondément optimiste et absurde de la vie — ce qui paradoxalement offre un regard plein de sagesse. A l'instar du final assez convenu, qui semble nous dire que ce n'est pa sla destination qui compte, mais la manière de passer le voyage.