Re-découverte.
Ce ressenti est la conséquence d'un revisionnage partiel de l'œuvre de Yoshiaki Kawajiri. J'ai revu Ninja Scroll il y a quelques jours après avoir revu Wicked City (dont j'ai posé quelques mots), je ferai donc plusieurs fois allusion à ce dernier dans les lignes qui suivront.
Ninja Scroll est un film sorti en 1993, six ans après la sortie du premier film de Kawajiri en tant que réalisateur unique. Dans cet intervalle de temps, le réalisateur à surtout été en tête de projets ayant été directement destinés au format physique. Que ce soit à travers un long métrage ("Demon City Shinjuku") , des histoires à deux ou trois épisodes ("Goku midnight eye" ou "Cyber City Oedo 808") ou bien même à travers un segment dans une anthologie ("Neo Tokyo" aka Manie-Manie). On peut donc considérer ce film comme son second véritable. C'est d'ailleurs cette œuvre qui permettra à son auteur de se faire un plus grand nom aux yeux de l'Occident. En effet, Nina Scroll est désormais une œuvre culte qui prendra aussi par la suite la forme d'une série animée, supervisée par Kawajiri lui-même. À noter que comme pour son film précédent, le cinéaste japonais est crédité à la réalisation, au scénario et au design des personnages.
Me concernant, j'avais vu Ninja Scroll pour la première fois quelques temps après Wicked City, à une heure avancée dans une nuit qui aura pris avec elle l'ensemble des souvenirs que j'avais du film. Ce revisionnage a donc totalement été une redécouverte de l'œuvre pour moi.
Dans Ninja Scroll, nous suivons principalement un samouraï vagabond portant le nom de Jubei Kibagami, Kagero qui est une femme Ninja issue d'un clan et Dakuan, un espion du gouvernement. Ce dernier oblige dans des manières peu orthodoxes à Jubei d'affronter les huits démons de Kimon.
Il ne suffit que quelques minutes au film pour se rendre compte qu'il est bien de Kawajiri. Ceux ayant vu ne serait-ce qu'un film du réalisateur se sentiront directement en terres connues. C'est littéralement monstrueux, avec des ennemis souvent repoussants (le plus marquant sera le premier et celui à la "carapace" bien particulière) et avec une violence graphique et sexuelle exacerbée.
Les points communs avec son film Wicked City sont nombreux. Le trio de personnage pour commencer. Un homme, une femme, un vieillard. Ce n'est pas une manière polie de ma part de nommer une personne âgée mais ici ce personnage est une nouvelle fois dans cette figure bien connue de la Japanimation, même si moins pervers que celui du film précédent. Si Giuseppe Mayart (Wicked City) était relativement agaçant, celui-là l'est moins car plus discret. Il n'en reste pas moins qu'il n'est pas réellement appréciable. Si la violence et les monstres sont des produits bien connus de la marque Kawijiri, la succession qui peut paraître presque abusive des affrontements est identique dans les deux films. Un nouveau démon débarquant avec ses caractéristiques qui lui sont propres. Le talent du réalisateur empêche pourtant le procédé d'être lassant.
C'est d'ailleurs probablement ce film qui met le plus en valeur tout le savoir faire formel de Kawajiri. L'histoire est simple mais plaisante à suivre par le rythme instauré, le film progressant de manière très fluide. La qualité des dessins est optimale et l'animation est une nouvelle fois chez Kawajiri très réussie. Les deux personnages principaux sont bien incarnés et sont peut-être plus attachants que ceux de Wicked City. Ne nous voilons pas la face pour autant, le réalisateur ne laisse malgré tout pas une grande place à ces personnages. Cela ne leur empêche pas pour autant d'avoir leurs moments. La dynamique de Jubei et Kagero rappelant à plusieurs reprises celle de Guts et Casca, pour les amateurs de Berserk.
À travers son histoire, le long-métrage aborde plus de thèmes et sujets que La Cité Interdite, allant de la corruption, de ce que cela peut impliquer d'être une femme et le traitement qu'elle peut en subir, jusqu'à la question du bien qui pourrait triompher du mal à travers l'amour. Comme toujours chez Kawajiri, les thématiques ne sont jamais longuement traitées et certains sujets sont parfois posés comme un cheveu sur la soupe. Rien de mal à cela, puisque ce n'est pas le but du réalisateur et ça, le spectateur le comprend très vite.
Si j'ai dit plus haut que Ninja Scroll est probablement le film mettant le plus en avant les qualités de Yoshiaki Kawajiri pour raconter une histoire, je pourrais ajouter que c'est le film de sa filmographie à voir pour avoir une idée concrète sur l'œuvre du bonhomme. Il n'en reste pas moins que le long-métrage n'est pas mon préféré de l'artiste. Si cet univers samouraï fantastique n'est pas à remettre en question dans son incarnation, j'ai été moins emporté que dans le premier film de son auteur. L'histoire, malgré tout le bien que j'ai dis dans son élaboration, ne m'a pas passionné non plus. Dans mon ressenti de Wicked City est souvent venu le mot "ambiance", ce qui n'a pas été le cas ici et je pense que c'est ce qui a fait la différence.
Une fois le visionnage terminé, le film ne m'accompagne pas autant que son prédécesseur. Des images marquantes me reviennent moins en tête et il ne me vient pas à l'esprit de me replonger dans la bande-originale, qui accompagne pourtant bien les scènes.
Il n'en reste pas moins que Ninja Scroll est un film d'animation japonais culte dans son genre et de très bonne facture, probablement plus complet que Wicked City mais qui m'a moins embarqué. J'y ai pourtant passé un agréable moment. Peut-être le meilleur cru Kawajiri (il me reste à voir son Vampire Hunter D : Bloodlust et son Highlander) mais pas le plus irrésistible pour moi.