Bonjour.
Il semble que peu de films australiens parviennent jusqu'à nos écrans. Peu nombreux mais souvent au-dessus de la moyenne. C'est le cas avec "Nitram".
Un scénario lentement mais bien rythmé. Une mise en scène dépouillée. Caleb Landry Jones est parfait dans un jeu qui installe un malaise permanent, appuyé par une bande son "suspens" parfois peut-être un peu trop adéquate, mais surtout entouré de trois très bons seconds rôles très calibrés dans des personnages non moins particuliers, sans oublier une bonne demi-douzaine... de beaux chiens attentifs. Anodins.
On sent en permanence le dérapage imminent, sans réelles conséquences, puis on voit venir le drame, froidement, dans la peau d'un homme-enfant tantôt câlin, tantôt violent, le plus souvent décalé des réalités environnantes, peu conscient de ses actes ou de leur portée.
Approcher d'aussi près et aussi finement la démence "ordinaire", à travers à la fois le malaise du sujet, l'inconscience de l'entourage et l'incrédulité du spectateur face, par exemple, à l'arrière salle de l'armurerie, c'est pour moi une performance. Un beau contraste, bien amené, entre le gentil gars un peu simple qui tente de tondre des pelouses pour se faire trois sous, et le sang froid du personnage final.
Ceci dit, on peut se sentir mal à l'aise, à dépioter ainsi un film sur un tel sujet. Ne sommes nous pas nous-mêmes assez froids dans un tel exercice sur un sujet assez monstrueux ?
Est-ce qu'il ne s'en faudrait pas de peu pour que nombre d'entre nous soient capables d'endosser un tel personnage dans le film 3D de notre réalité quotidienne ?
On n'en mettrait pas sa main au feu. Si ?