No Country for Old Men par FlyingMan
Les frangins Coen nous proposent ici un film d'ambiance reprenant le traditionnel schéma du chasseur et du chassé. Évoluant dans les magnifiques décors du Texas, les frères Coen parviennent à capturer ce paysage qui est véritablement le 4e acteur principal du film. Chaque plan et son paysage interagissent avec l'histoire. D'un panorama ou d'un Motel crasseux, le film transpire d'une ambiance folle poussant le téléspectateur à observer le terrain de chasse à l'instar des deux protagonistes principaux.
Parlons-en, si Josh Brolin nous offre un rôle plutôt classique auquel s'identifiera le téléspectateur lambda, c'est véritablement la prestation de Javier Bardem qui sort largement du lot. Il y trouve son plus grand rôle et y déroule sa plus grande performance. La voix rauque, le regard glaçant, la coupe de cheveux presque grotesque, ses armes déjà cultes comme le fusil de chasse à air comprimé, bref, un tout qui fait de lui peut-être le plus grand méchant du cinéma de ces dix dernières années. La scène d'ouverture dit tout. Un shérif qui téléphone à son bureau, arrêté sur le banc derrière, Anton fait passer silencieusement ses bras à l'arrière de son dos, devant lui. Tel un félin, il s'approche doucement de sa proie et l'étrangle avec ses menottes. La proie est sous ses griffes, tentant de se débattre tant bien que mal, dessinant avec ses bottes des traces sur le carrelage, pendant que le chasseur, dans un état second, exulte. Grandiose.
La structure narrative est elle proche de zéro puisque le film est extrêmement silencieux. Une fois encore, ceci est pour renforcer cette ambiance de chasse. Le calme avant le premier coup de feu et le gibier qui détale à la seconde prêt. La proie a trop se concentrer sur son ennemi en oublie qu'il y a aussi d'autres prédateurs dans la savane. Un second prédateur ssurgit des buissons, prenant par surprise le gibier et le téléspectateur. Une garde abaissée qui lui sera fatale...
Enfin, le personnage de Tommy Lee Jones lui, apporte une touche plus religieuse, voire divine à l'ensemble, entre réflexion désabusée sur le monde en général ou du destin de chacun. Poussant à croire qu'un vieil homme comme lui n'a pas sa place dans ce monde...
No Country For Old Men fait forcément penser à Fargo, mais en bien moins bavard. Une mise en scène somptueuse, des scènes cultes, des interprétations magistrales, un humour absurde, une constatation amère de la société à la veille des 80s, les frères Coen renouent avec No Country For Old men avec le succès critique des années 90 et les dépassent en sortant tout simplement le meilleur film de leur carrière.