Avant de regarder No country for old men, j'en avais eu un très bon retour de la part de mon entourage, ce qui m'a forcément donné envie de me faire ma propre idée sur le sujet. N'ayant jamais vu de film des frères Coen (bien que j'en ai entendu également que du bien), je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre. De plus, je ne connais pas la nouvelle dont le film est adapté.

Ma première impression à la fin du film était... bizarre. C'est le mot. J'étais incapable de dire si j'avais aimé ou pas. J'ai cogité pendant quelques heures avant de commencer à construire un vrai avis dessus. En tout cas, je n'ai jamais vu un film pareil.

Le début du film pose un contexte et un décor typé "western" : on commence dans un recoin paumé du Texas, au beau milieu de nulle part. Le premier personnage important à apparaitre est Anton Chigurh (dont on ne connait pas encore le nom ni la "nature"), qui est joué par le très bon Javier Bardem (au passage le casting du film est assez impressionnant, ce qui peut attirer quand on ne l'a pas vu). Les bases sont posées dès les 5 premières minutes : Anton est interpellé par un policier, qu'il va tuer quelques minutes après en affichant une mine des plus dérangeante...

Le second personnage à rentrer en scène est Llewelyn Moss ( Josh Brolin ) qui va rapidement être présenté comme le "héros" du film : malgré lui, qui était juste parti chasser, il va tomber sur ce qu'il semble être un règlement de comptes. Sa curiosité va l'emmener à découvrir une mallette, qui va être un tournant dans sa vie, et LE vrai tournant du film. Car désormais, il sera traqué par bon nombre de personnes, dont notre ami Anton Chigurh. Et tout ça pour une mallette, visiblement remplie de billets...

Je ne veux pas que ma critique devienne un synopsis du film, donc je ne vais pas m'attarder sur les détails du scénario, et je vais aborder un autre sujet très important, qui est la mise en scène du film. Et on peut dire que cette dernière est certainement le point d'ancrage de ce dernier.

Les dialogues se font rares et les scènes ou l'on voit juste quelqu'un marcher ou quelqu'un se faire tuer sont fréquentes. C'est un pur film de mise en scène, ce qui pousse à analyser chaque fait et geste, chaque environnement, chaque personnage. J'oubliais presque, il n'y a pas de musique dans le film. On peut croire que ce n'est qu'un "détail", mais cela apporte des nuances importantes à l'expérience du spectateur, qui doit faire jouer son imagination pour essayer de conjecturer ce qu'il va se passer. Les plans jouent également bien leur rôle, ce qui fait qu'on obtient une atmosphère dérangeante, oppressante, et les qualificatifs me manquent pour décrire cette impression pesante qui ne nous quitte que très rarement. Notre "héros" Llewelyn évolue tant bien que mal à travers les différents lieux du film, poursuivi par un Anton Chigurh impitoyable, qui parait inarrêtable. Le film donnera par moments l'impression qu'il n'est pas invincible, pour tenter de faire émerger chez le spectateur un mince espoir de voir une "good ending". Spoiler :

Et justement ! Au fil des évènements, on peut se prendre à imaginer une fin joyeuse, mais il n'en sera rien. Les sorts funestes réservés à Llewelyn et à d'autres finissent par arriver et à s'enchainer inéluctablement... et Anton Chigurh en est le vecteur. Même celui que l'on nous présente comme le "sauveur", comme celui qui sera l'homme qui va tuer Chigurh, ne fait pas long feu face à ce dernier.

Ce film est à mi-chemin entre le thriller et le film d'horreur. C'est un mix entre une histoire originale et une mise en scène qu'il l'est encore plus, il faut dire que j'ai du mal à le catégoriser précisément. Bien loin des mythes américains, des films d'actions impressionnants et des dénouements heureux, ce film nous livre une version brute, adulte, violente de la réalité. Et nous pose face à de réels questionnements, notamment sur les notions de bien et de mal. Là ou certains verront Chigurh comme un fou furieux agissant sans répondre à aucune logique, certains verront très clair dans son jeu. Peut-être même jusqu'à y voir une allégorie...

Hericles
7
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le 23 nov. 2023

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Médéric

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