Bonne nouvelle pour les cinéphiles : après dix années d'errance, d'O brother en Ladykillers, on a enfin retrouvé les frères Coen ! Ce No country for old men qui signe leur grand retour s'inscrit en effet à la fois dans la veine de leurs meilleurs polars et dans celle des grands films noirs modernes. S'appuyant dans un premier temps sur un scénario qui organise une habile poursuite-qui n'a rien d'une course- à trois personnages autour d'une valise pleine d'argent dont on comprend vite qu'elle ne constitue qu'un simple prétexte à l'intrigue, les Coen déploient tout leur talent pour nous entraîner au fin fond d'un Texas désertique et pavé de cadavres. Les deux frères brossent en quelques traits de caractère bien sentis le profil de leurs personnages, petites gens (minables ?) souvent ridicules mais toujours attachants car drôles, confrontés à un tueur dénué de toute humanité (Bardem absolument glaçant). Si de l'humour noir et mordant de leurs premiers films il ne reste qu'une légère ironie, les séquences d'action sont en revanche menées avec une sécheresse appréciable et l'intelligence de la mise en scène, son pouvoir de suggestion comme sa force d'évocation, procure un véritable plaisir. Mais la grandeur du film réside paradoxalement dans quelques rapides plans intermédiaires, a priori anodins, savamment glissés ça et là, qui densifient un récit par ailleurs d'une grande clarté malgré ses chausse-trappes et fausses pistes. Finalement le fragile mais parfait équilibre maintenu entre les séquences concernant les différents personnages se brise lors d'une fin très étonnante, qui semble faire fi de toute volonté de résolution de l'intrigue, nimbant le film d'un voile de mystère et lui donnant une sorte d'aura mystique, qui n'est pas sans rappeler les meilleurs films d'un Sam Peckinpah, Horde sauvage ou Alfredo Garcia, leur violence brute et leur désenchantement face à un monde qui change.
klauskinski
8
Écrit par

Créée

le 25 déc. 2010

Critique lue 880 fois

9 j'aime

klauskinski

Écrit par

Critique lue 880 fois

9

D'autres avis sur No Country for Old Men

No Country for Old Men
Strangelove
10

Le rouge et le (très) noir

Que se passerait-il si les frères Coen se prenaient à mélanger la violence crue d'un Fargo avec la noirceur d'un Blood Simple ? Je ne sais pas pour vous, mais j'appellerait ça un chef d'oeuvre. Et...

le 11 févr. 2016

117 j'aime

1

No Country for Old Men
DjeeVanCleef
9

Pile ou face

Texas, début des années 80. Alors qu'il chasse à l'ouest de l'état, sur ce territoire encore sauvage, coincé entre les Etats-unis et le Mexique, Llewelyn tombe sur un carnage, une hécatombe : un deal...

le 10 mai 2014

109 j'aime

9

No Country for Old Men
ErrolGardner
10

Non, ce monde n'est pas fait pour un vieux shériff désabusé.

Le film divise. Il y a ceux qui sont dithyrambiques, et il y a ceux qui crient à la tromperie, au simulacre de chef-d’œuvre. Je fais partie intégrante des premiers, et je le hurle sur tous les...

le 23 avr. 2013

101 j'aime

5

Du même critique

L'Avventura
klauskinski
9

Critique de L'Avventura par klauskinski

Au début de L'avventura, on suit un groupe de bourgeois en croisière dans les îles éoliennes. La disparition sur une des îles de celle qui constituait jusqu'ici le personnage principal du film, Anna,...

le 1 août 2011

44 j'aime

Révélations
klauskinski
8

Critique de Révélations par klauskinski

Mann s'empare avec Révélations d'un problème de santé publique qui aurait pu donner un lourdaud film à thèse. Pourtant, tout en réalisant une oeuvre résolument militante, le réalisateur parvient avec...

le 28 déc. 2010

19 j'aime

1

Henry : Portrait d'un serial killer
klauskinski
8

Critique de Henry : Portrait d'un serial killer par klauskinski

Petit film indépendant réalisé en 1985 avec trois bouts de ficelle et une caméra, Henry, portrait d'un serial killer, a depuis accédé au statut de film culte. Le film est une plongée ultra réaliste...

le 16 févr. 2011

17 j'aime