No Country for Old Men par klauskinski
Bonne nouvelle pour les cinéphiles : après dix années d'errance, d'O brother en Ladykillers, on a enfin retrouvé les frères Coen ! Ce No country for old men qui signe leur grand retour s'inscrit en effet à la fois dans la veine de leurs meilleurs polars et dans celle des grands films noirs modernes. S'appuyant dans un premier temps sur un scénario qui organise une habile poursuite-qui n'a rien d'une course- à trois personnages autour d'une valise pleine d'argent dont on comprend vite qu'elle ne constitue qu'un simple prétexte à l'intrigue, les Coen déploient tout leur talent pour nous entraîner au fin fond d'un Texas désertique et pavé de cadavres. Les deux frères brossent en quelques traits de caractère bien sentis le profil de leurs personnages, petites gens (minables ?) souvent ridicules mais toujours attachants car drôles, confrontés à un tueur dénué de toute humanité (Bardem absolument glaçant). Si de l'humour noir et mordant de leurs premiers films il ne reste qu'une légère ironie, les séquences d'action sont en revanche menées avec une sécheresse appréciable et l'intelligence de la mise en scène, son pouvoir de suggestion comme sa force d'évocation, procure un véritable plaisir. Mais la grandeur du film réside paradoxalement dans quelques rapides plans intermédiaires, a priori anodins, savamment glissés ça et là, qui densifient un récit par ailleurs d'une grande clarté malgré ses chausse-trappes et fausses pistes. Finalement le fragile mais parfait équilibre maintenu entre les séquences concernant les différents personnages se brise lors d'une fin très étonnante, qui semble faire fi de toute volonté de résolution de l'intrigue, nimbant le film d'un voile de mystère et lui donnant une sorte d'aura mystique, qui n'est pas sans rappeler les meilleurs films d'un Sam Peckinpah, Horde sauvage ou Alfredo Garcia, leur violence brute et leur désenchantement face à un monde qui change.