J’étais franchement curieux de découvrir le tant estimé No Country For Old Men, douzième réalisation des non moins renommés frères Coen, et qui aura glané pas moins de quatre oscars… notamment au détriment d’un autre long-métrage deux fois récompensé, à savoir le chef d’œuvre hypnotique qu’est There Will Be Blood.
Plutôt alléchant en somme, et le casting prestigieux ne manquait pas d’abonder en ce sens, oh que non ; mais qu’en est-il après visionnage ?
Eh bien, sans plus tergiverser, ce long-métrage est une claque, immersif et profondément sombre, mais ni plus ni moins excellent ; néanmoins, bien que l’on assiste 1h30 durant à un coup de maitre, la dernière partie de No Country For Old Men fait mine de patauger, pour finalement nous laisser sur notre faim…
Plus en détail, ce film de Joel et Ethan brille d’une réalisation en tout point parfaite : la mise en scène est sobre, mais diablement efficace car foutrement réaliste, tandis que l’ambiance arbore une absence éloquente de musique… mais loin d’être dommageable, une tension ambiante, continue et pour le moins pesante en résultant.
No Country For Old Men se veut donc sans artifices, la mise en scène captivante des frères Coen se suffisant presque à elle-même ; le scénario, aussi simpliste que meurtrier, se veut lui dans la même veine, celui-ci nous proposant (principalement) une chasse à l’homme toute bonnement ahurissante tant celle-ci happe notre attention.
Dans un même ordre d’idée, ce tableau idyllique est brillamment complété par des personnages (et par extension, interprétations) géniaux, si ce n’est extraordinaires si l’on se penche sur la paire Llewelyn/Anton ; en effet si le premier bénéficie d’une part d’un traitement en tout point convaincant, tant celui-ci parait « humain », et d’autre part du jeu d’acteur aussi surprenant que réussit d’un Josh Brolin des grands jours, le second crève l’écran… et c’est peu de le dire.
En effet l’attraction première du long-métrage semble résider en la personne de ce tueur aux tendances fortement psychotiques, concentré de noirceur et de propos alambiqués (pour ne pas dire culte), et qui au même titre que l’attachant Llewelyn peut compter sur la prestation implacable d’un Javier Bardem somptueux.
Bref, le rythme sans grandiloquences de ce thriller haletant ne décroit à aucun instant, et l’on est ni plus ni moins sous le charme (si l’on peut dire) ; toutefois le bât fait mine de blesser en son dénouement, ce-même rythme retombant soudainement au même titre que la tension jouissive.
Sans pour autant faire un cruel faux-pas, No Country For Old Men donne l’impression de se conclure avec difficulté, tout en faisant repasser au premier plan un shérif Bell/Tommy Lee Jones plutôt effacé jusqu’ici, qui permettra de faire passer un message malheureusement insuffisant, tant l’on reste sur sa faim…
En résumé cette adaptation des frères Coen du roman éponyme de Cormac McCarthy est une franche réussite, et aura mérité son succès critique ; reste que No Country For Old Men apparait finalement comme imparfait… la première heure et demi génialissime contrastant de façon regrettable avec la conclusion du long-métrage.