Guerre de Bosnie dans les années 90 … Le chaudron des Balkans, une fois allumé, devient impossible à éteindre. Compte-tenu des arriérés séculaires entre les ethnies …
Mais là, le cinéaste bosnien Danis Tanovic dans son premier long métrage ne se préoccupe pas du tout des raisons profondes de la guerre. Y en a-t-il seulement de valables ?
Par contre, il met en scène deux soldats bosniaques et serbes coincés dans une tranchée dans le no man's land entre les deux fronts. Ils se haïssent. C'est une posture mais c'est aussi une réaction de méfiance car les deux camps n'en sont pas à leur première ignominie dans le domaine. D'ailleurs, "c'est celui qui a le fusil qui a raison". Mais ce sont aussi deux hommes, deux frères. D'ailleurs, n'ont-ils pas connu la même fille d'un certain village, il n'y a pas si longtemps ?
Le huis-clos ressemble à ce que leurs chefs attendent d'eux. Que l'un prenne le pouvoir sur l'autre. Pourquoi ? "Parce c'est celui qui a le fusil qui a raison". Tour à tour, ils prendront le "pouvoir" en dépossédant l'autre de son fusil.
La situation se corse parce qu'en fait il y a un troisième larron (un bosniaque) grièvement blessé. Un autre soldat serbe, humaniste et compatissant, mort depuis, lui a glissé une mine sous son corps. S'il bouge, il saute ainsi que tout ce qu'il y a autour. Il devient un enjeu pour les deux soldats (ennemis)
Pourtant, ils ne sont pas loin d'atteindre le compromis, ces deux-là, pour désamorcer (la crise) en faisant appel à la force internationale, placée là par l'ONU. Ce qui est une bonne idée pour quelque chose qui se passe dans le no man's land. Déjà eux-mêmes ont décidé de se séparer chacun de son fusil pour pouvoir se parler sans position dominante (puisque c'est celui qui a le fusil qui a raison …)
Sauf que faire appel aux forces de l'ONU, c'est un peu ouvrir la boite de Pandore ! Tout le monde écoute tout le monde dans cette zone du front et les journalistes, avides de scoop, se précipitent pour constater l'impuissance ou, soyons sympa, la prudence des militaires de l'ONU dans ce conflit hautement merdique. Ce que l'on peut aussi comprendre. Enfin, c'est quelque chose que, moi, je comprends.
De ce qui, à l'origine, n'était qu'un petit incident qu'avec un peu de bonne volonté, on aurait pu réussir à résoudre, devient vite un incident majeur international dont les médias occidentaux vont se goberger pendant des jours … Stigmatisant la haine viscérale qu'ils observent sans en comprendre les enjeux ni même les raisons.
Film très intéressant qui me confirme dans mon opinion personnelle qu'une guerre, quelle qu'elle en soit la cause, n'est facile à arrêter que lorsqu'elle n'a pas encore commencé. Serais-je, donc, un nouvel adepte de Lapalisse ?
Parce qu'ensuite, les égos ou ambitions des chefs, d'une part, les haines et rancœurs des autres, d'autre part, sont très difficiles voire impossibles à apaiser.