Tous les ingrédients d'un bon film de requins sont absents.
Pourtant ça commençait bien, à la Destination Finale où des personnages brièvement présentés se retrouvent dans un avion avec la certitude pour le spectateur que celui-ci va se crasher. La scène du crash est d'ailleurs la seule qui tienne la route dans le film, montage rapide et efficace, chaos jouissif pour le spectateur qui n'attendait que ça, quelques plans suggérés, allez un peu de mise en scène, on prend.
Tout ce qui suit a un intérêt proche de zéro.
Alors,
En tant que président de l'amicale des films aux dents pointues, voici nos revendications :
Ce qu'on veut, nous, avec les copains, c'est des personnages auxquels on s'attache, en gros, qui ne répondent pas qu'à des arcs binaires et clichés (la meuf courageuse, le peureux tout plat, le pote un peu zinzin, la mamie touchante et la petite fille euh... courageuse aussi), des gens qui existent quoi. Bah parce que, sinon, quand ils meurent, bah nous... c'est pas qu'on s'en fout mais... enfin, si, un peu quand même. On se dit que le monde ne manque pas grand-chose a les voir disparaître.
Ce qu'on veut, nous autres, c'est du suspense, bah du frisson quoi, le truc qui fait lever les poils. Bah en gros c'est qu'on ressente la menace des r'quins. Autrement dit, les suggérer subtilement, les faire apparaître au moment où l'on s'y attend le moins, puis éventuellement les voir un peu plus aussi. On ne sait jamais combien il y en a, si certains sont plus forts ou plus gros que d'autres. Les grands méchants de ce film sont des silhouettes informes sans personnalité ni aucune stratégie d'attaque. Ça peut avoir son intérêt de ne donner aucune info sur la menace planant autour, mais on n'en fait rien, la caméra ne sort que rarement de ses 3 ou 4 positions de tout le film, ce qui mène d'ailleurs à ce qui nous semble le plus terrible : le lieu est horriblement "cartographié", on n'arrive pas à connaître précisément l'espace qu'ils ont entre le bout de la coque et l'eau (en gros combien d'espace vital il leur reste à n'importe quel moment du film), ce qui est tout de même un sacré obstacle au fait que l'on ressente leur angoisse. Il n'y a pas de décor en fait.
Un autre truc qu'on aimerait, les camarades et moi, c'est que les personnages trouvent une façon de lutter contre les r'quins. Là, bah ils trouvent une astuce bizarre en faisant des bubulles qui les effraient apparemment ? Les requins ils vivent sous l'eau ils ont peur des bubulles askip. Ainsi cette technique sera utilisée une seule fois, vite fait, et fonctionnera miraculeusement, sans difficulté, sans contradiction, sans émotion non plus puisque le requin semble s'évaporer derrière les bubulles et ne réapparaît pas (fastoche). Il n'y a donc pas la moindre idée de mettre en scène le danger de ces prédateurs qui offrent pourtant de la matière généralement... enfin j'crois.
Aussi, ils se comportent de façon incohérente, ce qui termine à jamais la démonstration du ratage total du film puisque l'on a droit à cette scène déjà vue des centaines de fois par des spectateurs frustrés, quand au moment fatidique, le requin se retrouve face au héros et... n'attaque pas... passe son chemin... sans aucune foutue raison.
Enfin, et c'est peut-être aussi ça qu'est l'plus important... bah j'sais pas moi : un peu de second degré, ça ferait pas de mal. Ce film est raconté comme si c'était une histoire vraie, tellement c'est sérieux, comme si on voulait rendre hommage à ces victimes courageuses qui ont bravé des grands requins blancs venus attaquer leur coque d'avion crashée sous l'eau. La notion de plaisir a été complètement évacuée du scénario, des dialogues, de la mise en scène. Que c'est ennuyant !
Au nom du comité, je déclare ce film inapte à la sympathie des amateurs de sharksploitation.
La prochaine fois que vous avez un pitch sympa comme celui-ci, ne laissez pas votre générateur aléatoire de scénario pondre un script sans âme ni inspiration comme celui-ci.
Bande de nazes.