Qu’est-ce que l’on peut aimer ce style britannique un peu décalé ! Le style d’Hamer notamment qui, par un talent prononcé pour la mise en scène, réussit à captiver le spectateur et à provoquer en lui des sentiments inadaptés à la situation.

Cette situation, c’est celle de Louis. Issu d’une mère noble qui a choisi un mariage amoureux plutôt qu’un mariage mondain s’attirant ainsi les foudres de sa famille et se retrouvant totalement en marge de celle-ci. L’homme qu’elle a décidé d’épouser décède et elle se retrouve seule à devoir élever son fils sans l’aide de personnes et donc dans des conditions pécuniaires difficiles. C’est dans ce cadre que naît un tueur au sang-froid, qui pour venger la mort de sa mère et dans l’espoir de quelques héritages, s’engage dans une folie meurtrière de tous les héritiers potentiels de la famille d’Ascoyne.

La pitié, la compassion nous prend pour un personnage qui est pourtant si froid et si horrible dans son raisonnement lors de l’élaboration de ses crimes. Et il s’agit bien là d’un des fers de lance de la narration extrêmement efficace qui nous expose les pensées du tueur d’aristocrates. On est fasciné par son ingéniosité, on suit pas à pas son chemin vers la noblesse sans jamais ressentir de dégoût pour cet odieux personnage, excité de voir les croix s’ajouter sur l’arbre généalogique, barrant les portraits des défunts nobles. Qui plus est, tous les membres de la famille (à l’exception de deux d’entre eux) sont soit sots, soit complètement imbus de leur personne et leur mort ne peut que nous réjouir pour Louis.

En bref, un très bon film qui se laisse regarder et témoignant d’un humour britannique très plaisant et s’achevant sur une sorte de twist bien venu. Une petite mention spéciale s’impose pour Alec Guinness qui réussit l’exploit d’interpréter pas loin d’une dizaine de personnages.
Deleuze
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le 9 juin 2013

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