Breaking Dad
La question du cliché est finalement plus complexe qu’il n’y paraît. C’est certes l’argument idéal pour démonter une œuvre, dans la mesure où l’on peut aisément démontrer que tout ce qui nous est...
le 2 juin 2021
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Cette séquence incroyable en huis-clos (la meilleure du film), d’une extrême brutalité est le pivot de l’intrigue. La chorégraphie et la coordination des combats sont assurés par les équipes à l’œuvre sur les John Wick ou Atomic Blonde (David Leitch coréalisateur du premier et réalisateur du second est à la production). Parmi les chorégraphes (il incarne aussi l’un des voyous) on retrouve un visage familier des amateurs de vidéos-club des années 90 le suisse Daniel Bernhardt que des producteurs avaient tenté de positionner comme successeur de JCVD dans les suites de Bloodsport (aperçu également dans Matrix Reloaded et John Wick). Si elle repose sur les prouesses physiques des équipes de cascadeurs et sur des mouvements exécutés sans coupes excessives, la violence de cette séquence de Nobody a un aspect réel et brut dans le combat qui est très différent de la violence de John Wick. Les combats semblent ici plus « bâclés », si Huch est clairement une machine à tuer, visiblement il a perdu l’habitude de tels affrontement là où John Wick , bien qu’il ait pris sa retraite, dès qu’il touche la crosse d’une arme est tout de suite opérationnel semant la mort avec précision sans avoir à s’entrainer. Si Wick est parfois blessé il ne subit pas autant de dégâts que Hutch. Bien que ce combat soit exactement l’exutoire dont Hutch avait besoin, il va déclencher par hasard une réaction en chaîne car parmi les malfrats se trouve être le frère d’un effrayant chef de la mafia russe Yulian (Alexey Serebryakov vu dans Leviathan), qui va chercher à se venger mais en viendra à regretter d’avoir sous-estimé Hutch et ses compétences particulières. À ce stade, Nobody passe en mode John Wick , et Kolstad ne prétend même pas cacher qu’il offre une version alternative de son travail le plus célèbre. Hutch conduit même une muscle car (qu’il vole à son voisin ), faisant correspondre la Ford Mustang 1969 de John Wick une Dodge Challenger 1972.
Mais Hutch est un personnage assez différent de John Wick et Odenkirk est un acteur complètement différent de Keanu Reeves, pour donner à Nobody sa propre saveur. Avant de se faire un nom dans le registre dramatique en incarnant l’avocat véreux Saul Goodman dans Breaking Bad et de prendre la tête d’affiche de son propre spin-of Better Call Saul , Bob Odenkirk avait œuvré dans la comédie , d’abord comme auteur sur le Saturday night Live puis comme acteur dans un show comique sur HBO inédit dans nos contrées. Ce double cursus fait que même ses performances les plus sérieuses ont généralement un fond d’humour, et c’est encore le cas avec Nobody qui bascule dans une action si exagérée qu’il est difficile de dire s’il s’agit d’une parodie ou d’un film au premier degré. Odenkirk s’y montre très drôle mais aussi émouvant, triste et brutalement dur, charmant et effrayant. Sur le plan physique il est clairement prêt pour l’action et crédible à chaque instant sur cet aspect. Une des principales différences entre les créations de Kolstad est que là où Wick est ramené malgré lui à sa vie de violence, Hutch y reviens volontairement car la vie « normale » ne lui convient plus. Certes la vengeance de Yulian le pousse dans une escalade mais on n’est pas sûr après la séquence du bus qu’il aurait été capable de retourner intentionnellement dans cette hibernation Là où John Wick n’a rien à perdre, Hutch doit toujours protéger sa femme et ses enfants, ainsi que son père âgé David (Christopher « Doc Brown » Lloyd), qui vit dans une maison de retraite et devient rapidement une autre cible pour les sbires de Yulian. Mais à l’image de son fils l’ancien agent du FBI David se montre également assez débrouillard, et si vous pensez qu’Odenkirk est un héros d’action improbable, attendez de voir Lloyd, 82 ans, entrer dans la mêlée.
Le climax de Nobody a lieu dans l’usine que Hutch a finalement racheté pour la truffer de pièges à la manière d’une version adulte de Kevin McCallister de Home Alone. À ce stade, le film change de style et si il est tout aussi violent, devient de plus en plus irréel et spectaculaire. La réalisation de Ilya Naishuller devient complètement dingue, abandonnant tout semblant de thriller pour aller jusqu’à des niveaux de violence presque burlesques. Odenkirk garde un visage impassible tout au long et fait fonctionner ce qui peut parfois ressembler à un dessin animé des Looney Tunes pour le public, l’élevant à quelque chose au-delà d’un simple film de vengeance. lya Naishuller, né en Russie et élevé à Londres qui n’avait réalisé qu’un seul long métrage Hardcore Henry en 2015, mélange de thriller d’action-science-fiction-noir réalisé presque entièrement en un seul plan (et en vue subjective comme un FPS) montre qu’il est aussi à l’aise dans une narration plus classique apportant juste assez de flair visuel pour rendre les scènes d’action intéressantes mais aussi faire briller les seconds rôles qui ajoutent une saveur à leurs personnages, Lloyd en tête rejoint par le rappeur RZA qui fait une apparition mémorable. Connie Nielsen (Gladiator) dans un petit rôle parvient à rendre intéressant un personnage qui sans savoir vraiment ce qui se cache derrière son mari, semble avoir l’intuition qu’il y a beaucoup à découvrir. Kolstad laisse entrevoir une mythologie suggérant un monde plus large, comme il l’a fait dans les films de John Wick, et la fin laisse la porte ouverte à d’autres aventures
Créée
le 3 mars 2022
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