J'ajoute un point supplémentaire pour ce film de Kore-Eda que je viens de revoir, tant il m'a époustouflée et émue. Je considère qu'il mérite bien cette note de 9, car il à ranger du côté du grand cinéma.
Il est rare que je pleure devant un film, mais là, vraiment non, je n'ai pas pu me retenir ... L'émotion était à son comble.


Cette histoire de quatre frères et sœurs abandonnés par leur mère, livrés à eux-mêmes, dans un curieux Tokyo, populaire, peuplé de magasins et de parc déserts, est d'abord magnifiquement interprétée.
J'ignore où Kore-Eda a déniché ses jeunes acteurs, mais on peut dire qu'il a fait une très bonne pêche. D'ailleurs, celui qui joue le rôle de Akira, le frère aîné, Yūya Yagira, a fait carrière au cinéma depuis.

Selon Wikipédia, le réalisateur a auditionné plus de 300 garçons pour le rôle de Akira. Seulement deux semaines avant le tournage, il a vu uniquement les photos de Yûya et décide de le prendre pour le rôle. Selon ses dires, dès qu'il a vu l'expression saisissante des yeux de Yūya, il s'est rapidement dit que c'était lui qui devait incarner Akira.
Yūya Yagira a d'ailleurs obtenu pour ce rôle, le prix d'interprétation masculine au festival du film de Cannes en mai 2004, à l’âge de 14 ans. C'est la première fois que la récompense a été obtenue par un acteur japonais, et c'est aussi la première fois qu'elle a été attribuée à un acteur aussi jeune.


Ayu Kitaura qui joue Kyoko, la sœur aînée, Hieie Kimura qui incarne Shigeru, le petite frère et Momoko Shimizu qui interprète Yuki l'adorable petite sœur, sont tout aussi extraordinaires.


On assiste effarés, à la lente dégradation des conditions de vie de ces enfants, privés progressivement d'électricité, d'eau, de nourriture et donc d'hygiène, mais surtout, le plus dur, livrés à eux mêmes et privés de la bienveillance parentale. Ils sont de plus exclus de la société et du quartier, car leur mère les a privé de sorties, afin de ne pas les "livrer" aux services sociaux qui les ont déjà séparés par le passé.
Au début, seul Akira est autorisé à sortir, pour approvisionner en nourriture le foyer. Il est le seul déclaré, visible aux yeux des voisins. Les deux plus jeunes sont arrivés dans le nouvel appartement, enfermés dans des valises, afin de ne pas se faire voir. La sœur aînée arrive la nuit en catimini.
La mère étonnamment immature (elle a une voix de petite fille fofolle) a fait ces enfants avec quatre pères différents et cherche à tout prix à se recaser en se remariant. Elle y parviendra assez vite et par là même abandonnera ses enfants, leur versant sporadiquement une somme d'argent, largement insuffisante pour couvrir leurs besoins.
A partie de là, c'est le règne de la débrouille, notamment pour Akira qui ramène à manger et Kyoko qui s'occupe de laver le linge et de s'occuper des deux plus jeunes.
Rompant l'injonction de la mère de ne pas sortir, ils franchissent les murs de leur "prison". C'est alors un moment extraordinaire de liberté dans lequel ils goûtent le grand air, la caresse du soleil, la liberté de mouvements, les jeux pour enfants. Cela donne des scènes dignes d'un grand cinéma.


Puis, les conditions de vie se dégradent au même rythme que l'errance psychologique. Kyko s'enferme dans les placards de l'appartement, Akira cherche à se lier avec des garçons du même âge qui vont l'utiliser pour jouer à des jeux vidéos, Shigeru a l’obsession du jardinage sur le balcon, tandis que la plus petite, Yuki est totalement livrée à elle-même.
Le personnage de petit combattant qu'est Akira est extrêmement touchant dans sa lutte pour faire survivre ses frères et sœurs, dans son envie de faire comme les autres, notamment d'aller à l'école, d'avoir des plaisirs comme les autres garçons de son âge.
Une lueur d'espoir viendra de la jeune Saki, une collégienne rejetée elle aussi à sa façon, qui se prend d'amitié pour cette fratrie délaissée, mais pour combien de temps ?


La pudeur dans l'expression des sentiments entre frères et sœurs, typique de la culture asiatique, rend les quelques gestes d'amour fraternels très précieux.


La fin du film est déchirante. Je n'en dirais pas plus pour ne pas spoiler.

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le 27 déc. 2015

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