Zahira (Lina El Arabi) est jeune. Elle est née et a grandi en Belgique, c'est une jeune fille de son temps. Mais elle est d'origine pakistanaise, et comme lui dit son père, « Une Pakistanaise épouse toujours un pakistanais, c'est comme ça ! ». Quand sa famille lui propose trois jeunes garçons vivant au Pakistan, elle doit choisir, elle qui préférerait épouser le garçon dont elle tombera amoureuse. Pour l'aider, elle compte sur le soutien de son frère aîné, Amir (Sébastien Houbani).
En s'inspirant d'un fait réel pour créer Noces, Stephan Streker jette un regard sur une question de société avec un grand talent : celui d'observateur.
À aucun moment, le réalisateur belge ne prend position et ne dénonce les faits, mais invite au contraire son spectateur à comprendre la logique de chaque personnage qui entre en scène : la jeune Zahira, jeune fille libre, pour qui les traditions de sa famille sont lointaines ; son père (Babak Karimi), fidèle aux traditions, craignant le déshonneur et ne parvenant pas à comprendre l'entêtement de sa fille ; le frère, en position intermédiaire, faisant figure de conciliateur permanent.
Pour Stephan Streker, l'histoire de la jeune Zahira est celle « d'une tragédie grecque ». On ne peut que lui donner raison. Le cinéaste décrit avec un réalisme froid une famille qui s'aime profondément mais qui ne peut plus se comprendre, plus s'entendre, et dont la chute est inéluctable. Il montre une famille qui a tout pour être heureuse mais qui sombre dans la tristesse. En cela, il est aidé par les belles prestations des deux protagonistes principaux, Lina El Arabi, saisissante dès son premier rôle, et Sébastien Houbani, parfait dans ce rôle de frère aîné complètement perdu, aveuglé par la peur de voir se déliter sa famille.
Il y a dans Noces, au-delà de la tragédie et de la force narrative, une véritable invitation : celle de la compréhension de l'autre. Un pari réussi de belle manière.