Leurs enfants après eux

S'il y a bien un film qui pourrait s'intituler "Leurs enfants après eux" d'après le roman éponyme de Nicolas Matthieu, c'est bien celui-là.
Peinture sociale transposée à Long Island à côté de New York City en période de Noël, Tyler Taormina réussit un film d'atmosphère étonnant, bien plus intéressant que le film français des frères Boukherma du roman cité plus haut.

"Christmas Eve in Miller’s Point" nous transporte dans ce pays cher au cœur du cinéaste : celui de la banlieue des classes moyennes, celui de la nuit qui nous réinvente, celui de l’enfance qu’il est toujours trop tôt de quitter. Ici, une famille italo-américaine de Long Island, fêtant sous le même toit son dernier réveillon de Noël, que l’affaiblissement de la vieille mère rend inévitable.

La dinde. Le sapin. La chaleur du foyer. La tendre hystérie de l’amour familial. Voilà, rien d’autre en fait.
Si! Les jeunes qui s’échappent en douce au cœur de la nuit pour mettre leur futur en hypothèque à deux pas de chez eux. Ils divaguent en bande dans le désert enneigé d’une ville de province où rien ne saurait jamais advenir, sous l’œil impavide de deux flics locaux. Le réalisateur a sans doute bénéficié de l'accueil qu'il fait dans son film à la fille de Martin Scorsese et au fiston de Steven Spielberg, bien qu'ils n'apportent pas grand chose à la dimension du film...
Pour en revenir aux ados, la séquence sur le parking enneigé, où des couples d'adolescents se forment par curiosité pour se glisser ensuite dans les voitures, est un petit chef d'oeuvre. Le cinéma de Tyler Taormina n'est pas sans rappeler celui de Wes Anderson, ou le petit chef d'oeuvre d'un autre Anderson (Paul Thomas Anderson), "Licorice Pizza".
Le passage à la vie d'adultes des adolescents est décidément un thème populaire et passionnant au cinéma.