Memory
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Memory

Film de Michel Franco (2023)

Quel plaisir de retrouver Jessica Chastain, cette fois dans un rôle austère à l'opposé de ses prestations habituelles de rousse flamboyante, mais toujours aussi magnifique.
Le réalisateur mexicain Michel Franco, avec Jessica Chastain et Peter Sarsgaard (récompensé par le Prix d’interprétation à la Mostra de Venise), revisite, à la lumière de #metoo, le thème des violences sexuelles qui a irrigué ses anciens films "Daniel & Ana" et "Después de Lucia". Il est de nouveau question d’abus, de traumas, de silences forcés, mais la douceur qui émane de la rencontre entre Sylvia, une assistante sociale, et Saul, un ancien élève de son lycée, atteint d’une sorte d’Alzheimer précoce, contribue à faire de ce film très ancré dans son époque une petite merveille qui n’a rien à voir avec le jeu de massacre qu’on voit si souvent à l'écran.
Le cinéaste connu pour être plutôt "cruel" dans ses oeuvres précédentes, semble avoir pris un virage plus "doux" dans sa filmographie depuis "Sundown" en 2021.
"Memory" prend donc aussi la voie d’un film tendre et opiniâtre, dans lequel un couple d’éclopés, rédimés par l’amour, affronte avec un certain panache la bien-pensance et la saloperie environnantes...
Reste à désigner les deux principaux motifs formels par lesquels ce beau film s’immisce en nous.
Le premier a pour nom et pour visage Jessica Chastain, délibérément dépourvue des atouts de la séduction dont cette rousse flamboyante peut disposer d'habitude, oui je me répète...
Elle capte la lumière de façon magistrale tout au long de ce film.
Le deuxième motif est le thème musical lancinant de ce film, le morceau préféré de Saul, qu’il associe à la mort de son épouse.
Je nomme "A Whiter Shade of Pale", de la bande de rock progressif anglais Procol Harum en 1967, chanson qui a traversé toutes les modes musicales jusqu'à ce jour.
Carrément inspiré de la Suite pour orchestre n° 3 en ré majeur composée deux cents ans plus tôt par Jean-Sébastien Bach, l’un des morceaux les plus illustres de son auteur, (je crois bien qu'il est rappelé à notre bon souvenir dans une séquence du film) , "A whiter Shade of pale" offre un support musical parfait pour ce film mélancolique et très réussi.
Le slow célébrissime concourt au rapprochement entre les deux sexes, à l’oubli de l’amertume, à la réparation par l’amour.

Radiohead
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le 31 mai 2024

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