Après le bouleversant THE RIDER, Chloé Zhao revient pour faire le portrait des nomades étasuniens. Cette fois-ci, elle s'entoure de deux acteurs professionnels sans pour autant délaisser son style quasi-documentaire.
Fern, la soixantaine, se voit contrainte à quitter Empire, ville à présent portée disparue. La voilà maintenant à vivre de travails temporaires et à sillonner les routes américaines entre le Nevada et l'Arizona, à la recherche d'un point de chute. On entre directement dans le quotidien de cette femme de caractère, loin d'être épargnée par les difficultés, mais pas plus que les autres. Avec son sens inné de la mise en scène, Zhao saisit les instants de vie (de Fern ou de véritables nomades) avec une poignante justesse. C'est prosaïque, mais pourtant envoûtant. Derrière ses atours d'une description d'un mode de vie - souvent imposé, parfois choisi - la cinéaste chinoise tend davantage à décrypter la profonde mélancolie de ces différentes personnes. Lorsqu'ils s'expriment face caméra ou à Fern/Frances McDormand, la puissance de cette sincérité et de ce vécu traverse l'écran et atteint directement le cœur. Jamais NOMADLAND ne sombre dans le pathos ou le misérabilisme, une distance suffisante est placé afin de préserver une délicate pudeur. Le prix à payer de ce procédé est l'effleurement de certaines thématiques pour ne rester que dans le suivi d'un quotidien. Rien qui n'empêche toutefois l'empathie totale pour ces différentes personnes et le personnage de Fern, une femme à la recherche de sens dans ce qui lui reste à vivre.
Récit d'une quête à travers l'autre, NOMADLAND s'inscrit comme une œuvre majeure pour décrire le dialogue, extérieur ou intérieur, comme moyen d'émancipation.