Il semble que je viendrais à bout de la filmographie de Chloé Zhao à rebours. Si le sympathique "Eternals" de Marvel posait la réalisatrice sur la carte de ma culture cinématographique, il le faisait sans une once de personnalité pour un film de commande néanmoins stylisé et distrayant.
Ce Nomadland, récompensé et salué (peut-être un peu trop), est à l'opposé d'un monde à sauver par des héros taillés pour des posters de chambres d'ados.
Non, ici le constat est immédiat, le monde, tel qu'il était pour Fern, toujours aussi juste Frances McDormand, s'est déjà effondré. C'est le point de départ du dernier acte d'une vie qu'elle abandonne derrière elle, non sans aigreur, tristesse et nostalgie. Tout ce qu'elle possédait se meurt, ceux qu'elle aimait ne sont plus et, ne reste qu'un van aménagé par ces soins. Fern devient nomade et c'est là que Chloé Zhao pose sa caméra.
La réalisatrice sait s'entourer de paysages désertiques sauvages et somptueux sous des soleils couchants facilement magnifiés par les notes de piano de Ludovico Einaudi 🎵🎵🎵. Oui, c'est beau mais ce n'est pas ce que l'on retiendra de son film. Ce ne sera pas non plus les différentes rencontres avec ceux comme elle qui ont décidé de vivre sans-maison-fixe. Bien sûr, l'association des deux participe à cette appropriation pas toujours évidente d'une vie dont elle n'est pas coutumière mais ils ne représentent pas en soit ce qui fait toute la justesse du film. Car si Nomadland est un monde d'avaleurs de bitumes en marge d'une certaine conception de la réussite, je retiendrais surtout l'arrivée dans celui-ci d'une femme dont les choix, incompréhensibles au yeux de certains, prennent doucement le sens d'une reconstruction nécessaire.
Fern cherche ce nouveau souffle, ces nouveaux repères qui redéfinissent son quotidien fait de redécouverte et de rétrospection sur sa propre vie. Et ce quotidien, ce sont ces paysages et ces rencontres mais aussi ces galères qu'on endure, sans remise en question, et qui ne viennent que confirmer qu'on est sur le bon chemin, celui qu'on a choisi.
Certes le sujet est celui des nomades au crépuscule de leur vie, montrés sans misérabilisme ni enjolivements, soudés, minimalistes, saisonniers sans attaches, mais tout cela ne sert qu'à répondre à une question : Qu'y a t'il après plus rien ?