Ayant perdu son mari, son emploi, sa maison, et même sa ville (!), Fern décide de devenir une nomade. A bord de son van, elle arpentera les Etats-Unis, découvrant les difficultés de sa condition, et une communauté vivant en marge de la société.
« Nomadland » n’a pas volé son joli succès critique en 2021. Car il aborde une part invisible de la société américaine. Ceux qui ont tout plaqué pour vivre en quasi-indépendance. Parfois par choix, le plus souvent par nécessité, ces nomades des temps modernes apprécient leur liberté tout en étant confronté aux immenses contraintes que l’autonomie représente. D’autant plus qu’ils sont pour la plupart relativement âgés.
Chloé Zhao traite son sujet de manière quasi documentaire. Des personnages souvent incarnés par de vrais nomades (dont Bob Wells, célébrité dans ce milieu, qui joue son propre rôle). Une mise en scène sobre, utilisant souvent des gros plans et grands angles sur ses protagonistes marqués par la vie. Une attention du détail, montrant qu’une assiette brisée ou une nuit froide représente un challenge pour ces personnes. Tandis que les prestations poignantes de David Strathairn et Frances McDormand, la jolie photographie et les magnifiques paysages américains rappellent que l’on est bien dans un film fait par et pour le cinéma.
En outre, le film traite de ses thèmes de manière intelligente et pertinente. Montrant l’énorme vulnérabilité du troisième âge aux USA, pays où la notion de retraite est très relative. Ou le paradoxe des nomades, voulant vivre en dehors de la société, mais contraints d’effectuer les emplois les plus précaires du système pour survivre.
Un beau drame, empreint d’une poésie mélancolique certaine.