Film assez inclassable, ni comédie, ni thriller, ni film de science-fiction, ni western. Peut-être essaie-t-il d’être tout ça à la fois mais n’y parvient jamais. Le thème central du film semble être notre rapport aux images, au spectacle. La scène centrale avec Gordy illustre le mieux ce rapport, le souvenir traumatique que les images laisseront à Jupe, la récupération mercantile qui en sera faite et aussi la présence de cette chaussure étrangement verticale : volonté de montrer au spectateur à quel point son regard peut être accaparé par ce qui est accessoire ou encore que son acharnement sémiologique est vain ? Le film questionne également la capacité des images à créer des mythes, comme le cow-boy, à la fois en référence au premier jockey noir (et ancêtre d’OJ et Em) sur les clichés de Muybridge et au parc d’attractions géré par Jupe, ces deux références au mythe du cow-boy joueront d’ailleurs un rôle primordial à la toute fin du film dans une sorte de contre-histoire du cinéma de western qui n’est pas sans rappeler Django unchained.
Quelques bonnes idées ne suffisent cependant pas à faire de Nope un film réussi. On a le sentiment d'assister à un empilement d'idées qui ne prennent jamais corps. L’angoisse, la tension, dont tout semble annoncer la présence sont totalement absentes. Les personnages sont inintéressants, leurs réactions à ce qu’ils voient invraisemblables et les dialogues sans intérêt. Le scénario semble à ce point dénué de sens qu’on finit par croire (espérer ?) que c’est une volonté du réalisateur mais alors à quoi bon 2h de film pour si peu ?
Comme un sentiment d’énorme gâchis devant ce film qui sème des idées intéressantes, nous montre quelques images saisissantes mais ne parvient jamais à trouver le liant qui parviendrait à en constituer une oeuvre aboutie.