Dans une vallée au fin fond de la Californie, un frère et sa soeur sont témoins de phénomènes paranormaux, notamment des interférences électromagnétiques ainsi que la présence constante d'un nuage. Qui cache en fait un vaisseau extraterrestre. Afin d'y tirer un profit, parce que leur situation professionnelle d'exploitation de chevaux pour le cinéma et la télévision les menace à la faillite, ils veulent faire appel à un directeur de la photo afin de capter une image concrète de cet évènement.
Incontestablement, Jordan Peele est un des derniers phénomènes du cinéma américain, tant son premier film, Get out, a marqué les esprits. Depuis, il a énormément diversifié ses activités, en produisant une nouvelle version de Twilight zone, du doublage ou aider des mentors à l'instar de Spike Lee pour BlackKkKlansman. Autant dire que Nope était attendu comme certains comme le Messie, et si j'ai beaucoup aimé, il n'est pas sans défauts. En particulier le jeu outré de Keke Palmer, ainsi qu'une certaine tendance du réalisateur à vouloir imprimer sa patte avec pas mal de références à la culture noire (jusqu'à la présence d'une affiche du film Buck et son complice), bien qu'il n'y ait pas vraiment de côté revendicateur assumé comme dans Us ou Get Out.
Mais en-dehors de ça, l'histoire est passionnante dans le sens où là aussi, il cherche à se confronter à un maitre, en l'occurrence Spielberg, en voulant faire Les dents de la mer dans le ciel, jusqu'à reprendre une fameuse scène finale. Mais c'est magnifié ici par la sublime photographie de Hoyte van Hoytema, qui a tourné le film en Imax, et ça se voit tant les plans larges y sont sublimes, et semblent enfermer cette vallée californienne comme s'il n'y avait rien aux alentours. Plus surprenant est la référence à Evangelion quand on voit le look du vaisseau alien, mais le film parle aussi de la recherche du profit, notamment dans celui que feraient le personnage joué par Daniel Kaluuya et soeur, qui répètent à l'envi d'aller chez Oprah (Winfrey), ou la personnage presque fantastique d'un journaliste de TMZ, au casque intégralement chromé, qui roule sur une moto électrique.
Difficile de tout dire sans révéler les divers mystères, notamment la présence d'un chimpanzé tueur, avec un plan (une chaussure qui tient debout toute seule) qui ne peut que renvoyer à 2001, et sur ses secrets, car il y en a, mais ça ne me dérange pas de tout comprendre pourvu que je retombe sur mes pieds. Et là, avec Nope, j'en ai pris plein les yeux et les oreilles (sublime utilisation du son), tout en parlant de son époque malgré tout. Pourvu que Jordan Peele continue un cinéma aussi qualitatif car je suis très client.