Hier maman est morte. Et aujourd’hui, papa a une sclérose en plaques. À quinze ans, Lucie se retrouve à gérer la maison entière toute seule pendant que son père soulage ses douleurs en fumant du haschich. Factures, ménage et petit boulot prennent rapidement tout son temps, au détriment de ses devoirs et de sa vie sociale. Devenue paria au sein de sa classe, Lucie se lie d’amitié avec Étienne, le beau gosse bien habillé victime d’homophobie qui cherche à affirmer son hétérosexualité. Mais la chute des notes de l’adolescente bonne élève inquiète ses professeurs qui alertent les services sociaux. Bien décidés à éviter le foyer, Lucie et son père, rongé chaque jour un peu plus par la maladie auto-immune, vont tenter de se réorganiser pour jeter de la poudre aux yeux de l’assistant social et rester ensemble. Sous le couvert d’un énième drame social doloriste que laisse présager la narration du journal intime de la collégienne se cache pourtant un récit puissant et audacieux sur l’adolescence, le regard des autres et la confiance en soi. La mise en scène, très inspirée, fait appel à d’ingénieuses incursions horrifiques et fantastiques pour souligner la souffrance et l’envie d’ailleurs des trois personnages, unis par la peur de la solitude et de la mort. La performance touchante des deux adolescents qui doivent apprendre à s’accepter est par ailleurs sublimée par la décrépitude et la résilience de Benoît Poelvoorde, père aimant obligé de renoncer à sa propre fille pour la sauver.