Disons-le d’emblée, « Normale » n’est pas un grand film inoubliable pour les spectateurs, pas plus qu’il sera marquant pour le septième art. D’ailleurs, le début est plutôt anodin et ne nous cueille pas vraiment pas sa photographie terne et son histoire apparemment classique d’un duo père-fille. Mais, plus les minutes passent, plus le charme opère. Le troisième film d’Olivier Babinet après le remarqué et loufoque « Poissonsexe » et si l’on omet son documentaire « Swagger » est un petit bijou de douceur et de tendresse. Le genre de film qui parvient à rendre léger un sujet pourtant très grave. En effet, ici le père de l’héroïne est atteint de sclérose en plaques et parvient difficilement à s’occuper de sa progéniture qui doit tout gérer depuis que sa mère est partie. La venue d’une assistance sociale va les obliger à être malins pour qu’elle ne soit pas placée en foyer. Sur ce canevas dramatique, le scénario de Babinet va faire montre de beaucoup de douceur et de fraîcheur rendant la situation toujours cocasse et amusante laissant la gravité de côté. « Normale » sait faire rire quand c’est tragique et c’est une qualité en plus d’être tout sauf évident. En témoigne, la scène (très drôle) où, aveugle, Poelvoorde fait semblant de voir. Une séquence qui cristallise bien le fil ténu entre rires et émotion, où le cinéaste sait arrêter ses effets comiques pile au bon moment pour en pas verser dans la gaudriole.
On rit donc de bon cœur devant ce tout petit film plein de bonnes ondes. Mais on est ému aussi par ce que traversent ses deux beaux personnages. Benoît Poelvoorde confirme ses grands talents d’acteur qui peut (et sait) tout jouer. Et « Normale » de cristalliser toute la beauté de son art entre drame et humour. À ses côtés, la jeune Justine Lacroix est incroyable de justesse tout comme Joseph Rozé en ado perturbé par ce qu’il renvoit. Tout sonne juste alors que Babinet se permet des envolées oniriques et/ou poétiques de toute beauté dans sa mise en scène qu’on croyait terne et impersonnelle au début du long-métrage. Il sait rendre des scènes anodines magnifiques comme ce spectacle organisé par le jeune homme qui aboutira à une envolée (dans tous les sens du terme) magnifique à l’écran. Le cadre et le contexte sont également bien sentis et lorsque le générique de fin arrive, on se dit qu’on s’est fait avoir par une œuvre en apparence anecdotique mais qui finalement s’avère remplie de belles et bonnes choses. Et aboutit, au final, à un très joli film rare et précieux.
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