Autrefois, on aurait parlé de France profonde mais aujourd'hui l'expression n'a plus grande signification. Les petits paysans sont une espèce en voie de disparition et évoquer leur sort dans une comédie n'est pas en soi une mauvaise idée, surtout devant la caméra d'un Philippe Le Guay qui ne manque habituellement pas d'inspiration (L'année Juliette, Alceste à bicyclette). Quand Normandie nue évoque les problèmes du monde rural, il le fait à grands traits mais à travers une série de portraits plutôt chaleureux comme le réalisateur en a l'habitude. L'argument de départ, cette photo de nu des habitants d'un village du Perche, n'est évidemment qu'un prétexte pour raconter les bonheurs et les malheurs d'une petite communauté sous une forme de comédie de moeurs chorale. Le film n'est pas loin de se perdre dans ses multiples intrigues et a le tort de confier la voix off (pas trop présente, heureusement) à un personnage un peu périphérique et qui intervient surtout de manière très aléatoire. A vrai dire, l'acuité sociale de Normandie nue se dissout assez vite dans une narration qui privilégie l'aspect humain. Le point faible habituel de le Guay, à savoir sa mise en scène, n'a pas ici trop d'impact négatif et même si les dialogues pêchent parfois par manque de vivacité, la qualité de l'interprétation rehausse le niveau. Aux premiers rangs : François Cluzet, soit la perfection tranquille, et Grégory Gadebois, impressionnant à chacun de ses rôles.