Philippe Le Guay s’essaye au genre plutôt anglo-saxon du feel-good movie avec une toile de fond sociale forte. Pourquoi pas ? Cependant son synopsis louche énormément du côté des britanniques « The Full Monty » ou « Calendar girls » et manque donc terriblement d’originalité. Ici aussi on veut déshabiller des villageois pour la bonne cause et lutter contre un contexte socio-économique morose. Pourtant le fond est plutôt bon puisqu’on nous parle de nos éleveurs et agriculteurs pris à la gorge par des lois et des régulations de plus en plus strictes et des coûts de vente bien trop compétitifs. On apprécie que cela soit vulgarisé de manière simple et efficace mais bien qu’on soit dans le domaine de la comédie, on est cependant loin de la limpidité de « Petit paysan ». D’ailleurs, pour une comédie, on ne rit pas beaucoup et on s’approche davantage de la chronique paysanne pépère.
Le principal problème du scénario mis en place ici est qu’à partir de ce postulat sympathique mais assez réduit, il tourne ensuite en rond. Et le réalisateur et son scénariste se retrouvent bien obligés de combler ce vide par quelque chose. Alors on nous inflige quelques sous-intrigues très peu intéressantes qui plutôt que de nourrir l’ossature principale de « Normandie nue » en parasitent la portée du message, la fluidité et le rendent trop long. On notera surtout la partie concernant le personnage de François-Xavier Demaison qui n’apporte strictement rien au film si ce n’est des digressions inutiles sur le mal de la campagne ou la souffrance animale ; totalement hors sujet donc. Quant à celle avec Grégory Gadebois, si elle remplit un peu le récit, elle n’est pas beaucoup plus utile et apparaît surtout trop forcée pour être crédible. Seul Arthur Dupont apporte fraîcheur et bonne humeur à tout ça et sert le propos.
De ce fait, le cinéaste est obligé de boucler toutes les portes narratives qu’il a ouvertes et le fait maladroitement sur la fin du film. Et que dire de sa mise en scène qui s’apparente plus à celle d’un téléfilm que d’un véritable film de cinéma bien qu’il nous offre (heureusement) quelques jolis plans de la campagne normande. Heureusement, tout cela n’est pas raté ni déplaisant, mais juste pas vraiment passionnant. François Cluzet, investi et concerné, apporte de la valeur ajoutée à ce film du terroir qui manque quand même du charme suranné des productions de ce type que pouvait réaliser Francis Becker (« Les Enfants du marais ») ou plus proche encore de nous Christian Carion et son « Hirondelle a fait le printemps ». « Normandie nue » est donc à conseiller aux amateurs de long-métrages franchouillards un peu mous et qui ne soient pas trop regardants. On préfèrera attendre un passage télévisé, format auquel cette production semble plus adaptée.
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