Blake Newman, célèbre photographe américain, parcourt le monde à la recherche d’inspiration. Quand il arrive en Normandie, c’est le coup de foudre. Il présente alors au maire d’un petit village, Georges Balbuzard, son projet ambitieux : photographier tous les habitants dans un champ… entièrement nus. Balbuzard, très enthousiaste, y voit un moyen de faire de la publicité pour les revendications des agriculteurs. Mais évidemment, tout le village n’est pas de son avis…
A la lecture du scénario, on s’attend d’abord au pire. L’Américain chez les Français, le photographe chez les paysans, les clichés « bienvenue chez les bouseux » ne sont pas bien loin. Rien de taille à effrayer Philippe Le Guay, très à l’aise dans la chronique sociale, qui filme sans béatitude ni misérabilisme l’état du monde paysan. Ses Normands râleurs, têtus, mais solidaires, bref gaulois, nous transportent dans un décor à la Maupassant, village de province avec ses notables, ses commerçants, et même ses Parisiens en plein trip bobo, prétexte à quelques scènes très drôle sur la difficile adaptation à la vie campagnarde.
En maire-courage, François Cluzet excelle, avec juste ce qu’il faut d’œil tombant et de sourire fatigué. Philippe Le Guay ose les situations et les seconds rôles outrés, heureusement sauvés de la caricature par l’ambiance presque théâtrale de ce huis-clos en province. Seul choix contestable, confier la narration à la gamine parisienne, au rôle très mineur. Car qu’on ne s’y méprenne pas, la véritable star, dans ce Normandie Nue, c’est finalement bien la Normandie elle-même, ses vaches éternelles et son herbe si verte. Nul besoin d’un personnage pour la raconter. Les plans sur la campagne encore brumeuse, à peine dorée par sa lumière si particulière, font bien mieux qu’un long discours.