Tout en se démenant dans son travail, qui est une sorte d'usine Amazon, un homme va devoir faire face à la disparition soudaine de son épouse, et gérer aussi sa vie familiale et professionnelle de front.


En voyant ce film, que je trouve formidable, on pense aussi bien à Ken Loach, pour la représentation très juste du monde du travail, qu'à Vincent Lindon, qu'on aurait pu voir dans ce rôle batailleur, grande gueule à son travail, défendant ses collègues, et qui en même temps ne sait pas ce que ses enfants aiment déjeuner, car son poste de chef de service l'accapare constamment, y compris en-dehors de ses heures de boulot.
La grande idée du réalisateur est d'avoir donné ce rôle à Romain Duris, que j'ai trouvé bouleversant, remuant ciel et terre, mais qui au fond, à travers cette disparition, semble aussi se retrouver. Il est ainsi, de fait, plus proche avec son fils et sa fille, mais essaie de savoir pourquoi sa femme a disparu.
Car c'est aussi une des forces de Nos batailles ; c'est que cette femme, dont on voit au début qu'elle n'est pas bien, s'en va, mais on ne saura jamais pourquoi. Burn-out, dépression, relation extra-conjugale, suicide, on n'en sait rien, et l'ironie étant que, comme elle n'a pas été enlevée, ou du moins aucun soupçon à ce sujet, la police ne peut pas lancer d'avis de recherche.


On voit aussi très bien la vie dans cette société, nommée ici Améliz, mais on reconnait les méthodes d'Amazon, où le temps est compté, y compris les déplacements, qu'il faut pointer tant d'articles à l'heure, et aussi son traitement catastrophique du personnel, où une fille est licenciée parce qu'elle est enceinte, un homme d'une cinquantaine d'années viré du fait de son rendement moindre (ce qui aboutira au pire), voire une employée très proche de Romain Duris qui frôle la dépression du fait du manque de considération et de traiter les gens comme des moins que rien.
Il y a notamment ce moment effarant où, constatant qu'il fait froid dans l'usine, Romain Duris va demander à ce qu'il y ait du chauffage ; la réponse de la direction est de donner des bonnets de père Noël !


Les autres actrices, Laure Calamy et Laetitia Dosch, sont également excellentes, en particulier cette dernière qui apporte le véritable moment de respiration de l'histoire, car c'est la soeur du personnage de Duris qui arrive comme un ouragan dans sa vie.
Le style choisi par Guillaume Senez est plutôt réaliste, avec caméra portée, et une absence totale de musique, excepté trois chansons, dont Paradis Blanc de Michel Berger qui est un très beau moment suspendu.


Bien que le film ne fasse que 98 minutes, j'en aurais bien repris, car c'est vraiment formidable, révoltant, et quel plaisir de voir enfin Romain Duris dans un de ses premiers rôles adulte.

Boubakar
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le 4 août 2019

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