Ça se confirme : Gabriel Le Bomin, j'ai du mal. Hormis son assez réussi « Tout contre elle » pour la télé, aucun de ces films n'a réellement trouvé grâce à ses yeux, cette note apparaissant même assez indulgente quant à mon ressenti global. Évoquer le sort des tirailleurs sénégalais à travers le destin d'Addi Bâ ? Pourquoi pas. Encore faudrait-il le faire avec un minimum de personnalité, ce dont nous sommes très loin. Un titre de plus sur le courage et la grandeur de la Résistance, prête à tout sacrifier au nom de la liberté et pour l'honneur de la France... Je n'ai aucun problème avec ça, mais c'est très loin d'être suffisant pour faire une réussite, surtout lorsque l'académisme et le manque d'intensité dramatique est aussi prégnant, à l'exception d'une forêt souvent bien exploitée.
D'ailleurs, j'avoue me demander, artistiquement parlant, pourquoi continue t-on à faire des films sur le sujet ? Hormis « Black Book » il y a quinze ans, j'ai l'impression que tout a été dit depuis longtemps, et ce notamment grâce au chef-d'œuvre de Jean-Pierre Melville : « L'Armée des ombres ». Je ne dis évidemment pas que tout le monde doit faire aussi bien : seulement, lorsque je vois le manque d'imagination, voire le manichéisme ici présent, je m'interroge. À ce titre, une scène résume tout : alors que nous nous trouvons dans un bureau administratif où l'on découvre un nouveau personnage
ouvrir une lettre recensant tous les juifs de la ville, laissant espérer une figure controversée, nous comprenons quelques secondes plus tard que celui-ci est... résistant.
Le cœur du problème est là : aller dans le sens du Bien, ne proposer aucun rôle réellement ambigu, et même lorsque c'est le cas (en l'occurrence celui interprétée par la toujours très élégante Astrid Whettnall), on s'arrange pour que celle-ci soit avant tout du bon côté. Le Bomin ne peut même que partiellement compter sur ses acteurs : si Marc Zinga et Pierre Deladonchamps s'en tirent avec les honneurs, Alexandra Lamy se montre très décevante tandis que Louane montre (déjà) toutes ses limites : il serait temps de revenir définitivement à la chanson.
Pourtant, le dernier quart me pousse à un minimum d'indulgence : je pense, bien sûr, à ce
gamin collabo mettant à terre le réseau, de loin la scène la plus marquante, le réalisateur posant intelligemment sa caméra sur le traître
pour créer un trouble bien plus grand. Et puis, mine de rien, que le dénouement soit
tragique (même s'il n'y avait pas trop le choix vu qu'il s'agit d'une histoire vraie) ne laisse pas indifférent, cette fierté dénuée de peur avant la mort étant assez belle.
L'honneur est sauf, donc, sans pour autant dissiper les doutes sur la pertinence de l'entreprise, bien moins singulière que le parcours de son héros. Passable.