Quand on évoque le Nouvel Hollywood, on ne pense pas spontanément à Sydney Pollack - et encore moins à "The Way We Were".
Pourtant, entre 1968 et 1979, le réalisateur américain tournera pas moins de dix films, dont certains s'inscrivent complètement dans ce mouvement de renouveau de l'usine à rêves, accordant une place centrale aux auteurs (en particulier "Jeremiah Johnson" en 1972).


Sorti l'année suivante, "The Way We Were" s'apparente davantage à un film de studio traditionnel, avec un gros budget, des stars en tête d'affiche et une volonté de toucher le grand public - avec notamment cette histoire d'amour tragiquement universelle, que les plus exigeants trouveront parfumée à l'eau de rose.


Toutefois le film de Pollack comporte assez de singularités pout échapper au statut de mélo larmoyant. Déjà, quitte à spoiler un secret de Polichinelle, la romance narrée dans le scénario d'Arthur Laurents trouve une issue malheureuse, "The Way We Were" étant un film sur les regrets et les concessions (à ses idéaux, à sa carrière, à son histoire d'amour).
Surtout, le film propose un véritable arrière-plan historique et politique, certes peu approfondi et assez mal exploité, mais offrant au récit une épaisseur bienvenue.


La première partie du film m'aura charmé, avec d'emblée cette photo ma-gni-fique aux couleurs envoûtantes, et quelques très jolies scènes comme le discours de Katie devant la foule d'étudiants grévistes. Très expressive, Barbra Streisand brille dans ce rôle de militante communiste à la détermination sans faille, face à un Robert Redford beau comme un dieu, archétype de l'étudiant patricien à la vie facile.
L'alchimie entre les deux comédiens est perceptible, au sein d'un couple inversant les stéréotypes du genre "beauty and the beast".


Pourtant, alors que le film est censé prendre de l'ampleur en deuxième heure, avec l'apparition de sérieux obstacles à l'amour parfait, et avec l'évocation du maccarthysme, c'est plutôt une légère déception qui s'installe au fur et à mesure.
C'est l'arrière-plan hollywoodien des années 50 qui pose problème : pas suffisamment explicités ni approfondis, les enjeux politiques échappent un peu au spectateur, notamment à cause du manque d'envergure des seconds rôles.


Pas de quoi entacher trop gravement la réussite de cette romance bousculée par la grande Histoire, mais le film n'atteindra jamais l'ampleur et la profondeur espérées - malgré une ultime scène émouvante entre les deux anciens amants, qui permet au spectateur d'achever "The Way We Were" sur une bonne impression.

Créée

le 8 janv. 2021

Critique lue 2K fois

20 j'aime

3 commentaires

Val_Cancun

Écrit par

Critique lue 2K fois

20
3

D'autres avis sur Nos plus belles années

Nos plus belles années
Boubakar
9

C'était eux, c'était nous.

Le film raconte la liaison durant une quinzaine d'années, depuis la fin des années 1930 au MacCarthysme du début des années 1950 d'un couple qui était très différent, mais fou amoureux. Au moment...

le 24 nov. 2021

15 j'aime

2

Nos plus belles années
Maqroll
8

Critique de Nos plus belles années par Maqroll

Film mythique entre deux êtres que tout semble opposer au départ et qui traversent ensemble les années de guerre puis la sombre époque du maccarthysme au rythme de leur amour qui défie les lois de la...

le 14 juil. 2013

9 j'aime

1

Nos plus belles années
Fiuza
2

…et notre pire film

Mélo américain très classique et même léthargique ou Robert Redfort est beau mais pas aussi charismatique que dans d'autres productions et Barbara Streisand laide et insipide même si elle fait des...

le 10 févr. 2015

6 j'aime

Du même critique

Baby Driver
Val_Cancun
4

L'impossible Monsieur Baby

Cette fois, plus de doute, le cinéma d'Edgar Wright, quelles que soient ses qualités objectives, n'est définitivement pas pour moi. D'ailleurs je le pressentais déjà fortement (seul "Hot Fuzz"...

le 20 juil. 2017

60 j'aime

15

Faites entrer l'accusé
Val_Cancun
9

Le nouveau détective

Le magazine haut de gamme des faits divers français, qui contrairement aux (nombreux) ersatz sur la TNT, propose toujours des enquêtes sérieuses, très documentées, sachant intriguer sans tomber dans...

le 2 avr. 2015

50 j'aime

11

Bullet Train
Val_Cancun
4

Compartiment tueurs

C'est le genre de film qui me file un méchant coup de vieux : c'est bruyant, bavard, ça se veut drôle et décalé mais perso ça m'a laissé complètement froid, tant les personnages apparaissent...

le 4 août 2022

49 j'aime

17