Gabriele Muccino a été révélé il y a vingt maintenant avec le très beau « Juste un baiser » qui a bénéficié d’une belle exposition internationale. Une fresque au romantisme passionné et passionnant que ce « Nos plus belles années » tente de retrouver deux décennies plus tard. Mais il faut bien avouer que cela fonctionne beaucoup moins. Plus le temps passe, plus l’auteur semble en panne d’inspiration et à court d’idées, ses films se révélant de moins en moins bons, exception faite du très joli « Summertime », sa petite parenthèse indépendante américaine passée inaperçue. Car ses incursions plus hollywoodiennes avec Will Smith (« A la recherche du bonheur » et « Sept vies ») ou encore un « Love Coach » de sinistre mémoire n’étaient pas forcément pertinentes pour tout le monde. Ici, Muccino nous narre les trente ans d’amitié, d’amour, de déceptions et de déboires d’un groupe de quatre amis composé de trois garçons et une fille. Pourquoi pas. Mais durant plus de deux heures de projection, on n’est jamais emporté, comme si on feuilletait sans conviction un magazine dans une salle d’attente pour passer le temps.
Malgré tout, le temps ne semble étrangement pas si long, les péripéties intimes des personnages s’enchaînant à un rythme soutenu. De plus, la mise en scène de Muccino est toujours aussi virevoltante et énergique. Plan-séquence tourbillonnant, caméra qui virevolte au rythme des cœurs ou caméra à l’épaule, le cinéaste n’est pas manchot et permet à cette fresque sur l’amour et l’amitié de ne pas être aussi statique et surtout triviale que l’est son scénario. « Nos plus belles années » se voudrait l’héritier d’un certain cinéma italien des années 70, aujourd’hui déchu et moribond, où les passions et le romantisme latin emportaient tout sur leur passage. Mais l’époque n’est plus la même et les relations montrées ici, s’étirant sur vingt ans, ne retrouvent jamais le souffle romanesque d’antan. Et il semblerait que le cinéaste italien soit quelque peu en panne d’inspiration.
L’interprétation est quelconque à l’instar de tous les personnages que nous présente le scénario. Ces histoires-là, on a la désagréable impression de les avoir déjà vues cent fois. Coup de foudre, amour passionnel, trahison, déception ou encore réconciliation, tout le catalogue de ce qui compose les relations humaines se retrouve quasiment en entier dans « Nos plus belles années ». Mais tout va tellement vite, que cela ressemble parfois à un best of d’une longue saga étirée sur plusieurs épisodes ou au pot-pourri d’une série télévisée. Les moments les plus intenses sont comprimés dans cette tempête de sentiments et on aurait aimé que le film prenne le temps de se poser parfois. De faire exister ces protagonistes dans le silence. Pas désagréable mais très prévisible et déjà vu, « Nos plus belles années » semble daté, si ce n’est sur le plan formel, et on l’aura très vite oublié.
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