Nosferatu fait son grand retour pour son 102ème anniversaire. Une nouvelle version passionnée.

Ma vidéo critique sur Nosferatu (2024)

Robert Eggers, un réalisateur qui peut être intéressant par son style malgré qu’il ne fasse pas l’unanimité (comme tout le monde). Après The Northman qui semblait diviser les foules, il revient en réadaptant une des plus anciennes légendes du cinéma, Nosferatu. Ce monstre vampire adapté du roman de Dracula apparu en 1922 pour la première fois dans un film allemand, fête aujourd’hui sa 102ème année d’anniversaire avec la sortie de cette nouvelle version. Alors oui, on a déjà eu d’autres versions du personnage avant lui mais qu’on ne connaît pas trop (à découvrir par curiosité quand même). Quand les américains réadaptent une ancienne œuvre étrangère, ça ne donne pas toujours quelque chose de bien mais on peut voir une exception à la règle ici. Même si il est loin de ne pas avoir de défauts, il faut reconnaître que ce long-métrage est très réussi et très intéressant à suivre.

Cette critique ne sera pas une comparaison entre cette dernière version et celle de 1922, plus de 100 ans les sépare alors ça serait réellement de la triche.

Positif

• Thomas Hutter (Nicholas Hoult) est l’assistant du notaire et il est chargé de se rendre en Transylvanie afin de faire signer un acte de propriété important, malgré que ça implique de laisser sa femme ici. Il est intéressant comme personnage, peu de courage en lui mais il fait de son maximum pour veiller au bonheur de sa femme malgré qu’il ait peu d’argent. L’abandonner n’est pas ce qui lui plaît le plus mais on sent qu’il le fait pour pouvoir leur permettre d’avoir une belle vie. Donc oui, Thomas n’est pas courageux, il est même lâche en fait, mais il prend les décisions importantes pour sa femme et lui, même si ça déplaît pour des bonnes raisons. Et non, ce n’est pas de la débilité de sa part, il faut juste se mettre à sa place pour comprendre ses décisions.
• Ellen Hutter (Lily-Rose Depp) est la femme de Thomas, c’est une femme qui aime son mari mais qui commence à avoir des crises étranges lorsque celui-ci s’éloigne. En vérité, Ellen cache certains secrets qu’elle n’a dévoilé à personne et on sent qu’elle a une seconde nature qui se réveille en elle lorsque son mari s’éloigne. Elle est intéressante comme personnage, probablement la plus intéressant du film de par son passé et ce qu’elle va traverser, tout en étant intrigante sur ses crises et ses véritables sentiments envers certains personnages.
• Friedrich Harding (Aaron Taylor-Johnson) est un grand ami de Thomas, il veille sur Ellen le temps de son absence et fait de son mieux pour comprendre ce qui se passe, même si la situation lui échappe. Sans être trop prétentieux, c’est un véritable ami attachant sur lequel Thomas peut compter, probablement la meilleure personne pour prendre soin d’Ellen en son absence malgré ces situations inexplicables pour lui.
• Anna Harding (Emma Corrin) est la femme de Friedrich, c’est une femme attachante qui aime son mari et ses enfants et qui fait de son mieux pour soutenir sa grande amie, Ellen. Une femme sympathique et un bon soutien moral qui aide Ellen a se sentir un peu mieux.
• Professeur Albin Eberhart Von Frantz (Willem Dafoe) est un médecin radié car il est un spécialiste des démons et que personne ne le prenait au sérieux, en dehors de son élève médecin qui lui demande de l’aide car il ne comprend pas ce qu’a Ellen. En vrai, le personnage est pas mal. Certes, on ne connaît pas trop son origine mais avoir un spécialiste comme lui pour expliquer la situation, ce n’est pas une mauvaise idée du tout.

• Le comte Orlok / Nosferatu (Bill Skarsgard) est un comte vivant très éloigné de la ville qui a acheté une propriété et cherche à se rendre en Allemagne afin de retrouver une personne importante pour lui tout en semant la mort et la peste sur son passage. Honnêtement, c’est un très bon antagoniste. Un monstre restant caché dans l’obscurité avec une voix envoûtante et craintive (VO) et dont on ignore le potentiel mais qu’on arrive tout de même à craindre rien qu’avec sa présence. Vraiment, en tant que monstre du cinéma, il est réellement intéressant ici.
• Herr Knock (Simon McBurney) est l’employeur de Thomas en tant que Notaire et c’est lui qui le charge de se rendre en Transylvanie. En vérité, on va rapidement constater qu’il n’est pas aussi sain d’esprit qu’on pourrait le croire (mais en nous laissant planer le doute). Après, il n’est pas essentiel mais il est tout de même d’une bonne aide pour Nosferatu.

• Les relations qui sont développées ici sont intéressantes. Que ce soit entre Thomas et Ellen ou Nosferatu et Ellen. D’un coté, on a un mari attentionné mais peu présent à cause du travail avec une femme qui a l’impression de ne pas être aussi importante pour lui (en plus d’avoir peur d’une certaine menace). De l’autre, on a une créature obsédée par la femme qu’il a toujours aimé et une femme qui a peur de lui tout en gardant une certaine attirance pour lui (on peut qualifier ça de relation toxique peut-être). En tout cas, ça offre des relations intéressantes à suivre, surtout pour Ellen qui doit choisir entre l’homme attentionné qu’elle a épousé malgré son manque de courage et la bête folle amoureuse mais avec des drôles de méthodes pour prouver son amour… On pourrait même partir sur une troisième relation entre Thomas et Nosferatu, en théorie,, du à la fascination de Thomas pour lui, où les deux amants ont conclu un pacte avec le diable, un pacte impossible à rompre.

• Le long-métrage démarre par une femme qui appelle son ange gardien (à de l'amour surtout) et le découvre avant qu’il ne se passe des choses étranges et nous donne envie d’en savoir plus sur ce qui se passe. Sachant qu’on a vu une scène du passé, ça place déjà une intrigue pour les spectateurs de se demander comment on en est arrivé là et ce qui va réellement se passer pour nos personnages (même en connaissant le long-métrage de 1922).

• On a quelques évolutions intéressantes, notamment nos deux tourtereaux. D’un coté, on a une homme lâche qui va prendre du courage sur lui quand il s’agit de sauver sa femme, de l’autre, on a une femme d’apparence belle et calme mais qui va devoir affronter ses démons intérieurs pour savoir quelle est la meilleure solution pour elle. Dans les deux cas, il faut reconnaître qu’on a deux évolutions intéressantes.

• Que dire sur l’horreur installée ? Qu’elle est bien travaillée. Évidemment, elle passe par l’ambiance avec la présence de Nosferatu mais la mise en scène soignée renforce grandement cette horreur et arrive à nous convaincre sans problème. Sans parler du fait qu’on s’inquiète réellement pour les personnages quand on voit ce qui pourrait arriver.

• Robert Eggers est doué pour la mise en scène et ce long-métrage ne fait pas exception. A travers la mise en scène, on ressent son investissement pour Nosferatu tout en apportant une mise en scène très travaillée du début à la fin (à une ou deux séquences près). En tout cas, on peut dire que la mise en scène est magnifiquement gérée ici.

• En terme de tension, il faut reconnaître que ça marche. A la fois, parce qu’ils apportent de réelles différences intéressantes pour surprendre les spectateurs mais également parce qu’on croit réellement à l’horreur et à la menace de Nosferatu. Vraiment, la tension est qualitative ici et c’est une de ses meilleures qualités.

• N’empêche, on a un beau casting à se mettre sous la dent. Bill Skarsgard, Nicholas Hoult, Lily Rose Depp, Aaron Taylor-Johnson et Willem Dafoe, on peut dire que le casting est réellement de qualité et attirant quand on connaît l’investissement de ses acteurs.

• On arrive à se faire réellement surprendre. Même en connaissant la première version, c’est beau de voir qu’ils apportent des différences inattendues et intéressantes ici afin de surprendre les spectateurs dans le bon sens (Disney devrait prendre des notes).

• La photographie est magnifique. Sincèrement, même l’aspect esthétique est magnifique et nous offre une photographie d’une excellente qualité. C’est vraiment un des meilleurs points du long-métrage, la photographie est visuellement de toute beauté.

• Le symbolisme est magnifique. Que ce Nosferatu et Thomas pour Ellen, Ellen pour Thomas, Nosferatu pour la ville et ce qu’il apporte, le sang symbolisé comme un acte sexuel et un orgasme… On a du symbolisme travaillé qui est intéressant à voir.

• Mine de rien, on a une réelle intrigue efficace. Dès le début du long-métrage, on se pose déjà des questions et plus le long-métrage avance et plus on va s’en poser avec des réponses à toutes nos questions. L’intrigue est réellement réussie ici.

• Le jeu d’acteur est incroyable et ça se ressent. Chaque acteur et actrice de ce long-métrage est investi dans son rôle et chacune des performances est très convaincante, notamment Lily-Rose Depp qui est excellente dans ce rôle principal.

• Les musiques sont superbes. Quelle que soit les musiques qu’on entend, ce sont des musiques qui racontent bien ce qui se passent à l’image et qui donne envie de les réécouter en dehors du long-métrage.

• Il n’y a rien à redire sur les costumes, ils sont de très bonne facture. Vraiment, chaque costume est travaillé comme il se doit et arrive à définir le personnage pour les spectateurs, vraiment de bonne qualité.

• La fin est tragiquement réussie. Ça peut surprendre dans la direction prise mais, en vérité, c’est réellement une belle manière de conclure le long-métrage et certains personnages qu’on a suivi.

• Les décors sont magnifiques. Quel que soit le lieu qui nous est montré, il faut reconnaître que les décors sont très soignés et arrivent à tous nous convaincre, même les lieux qu’on voit très peu.

• On a une très bonnes gestion de la lumière dans certaines séquences, notamment avec Nosferatu à l’écran. La lumière est si bien gérée qu’elle renforce magnifiquement la mise en scène.

• La retranscription de l’époque est assez efficace. Que ce soit par les décors, les costumes ou l’esthétique, on a arrive réellement à croire que ce long-métrage se passe au XIXème siècle.

Négatif

• Malgré que la mise en scène soit de qualité, on se rend compte que certains moments de mise en scène sont un peu étranges. Par exemple, quand Thomas arrive à l’intersection avec la charrette qui va l’emmener, comment ça se fait qu’on ait des coupures champ contre champ et un fondu au noir avant de revenir sur un plan normal ? C’est un détail, la mise en scène reste soignée mais certains passages de ce style sont étranges en terme de mise en scène, peut-être un coté auteur du réalisateur vu qu’on y reconnaît son style.

• Peut-être est-ce à cause de la version de 1922 mais quel est ce design pour Nosferatu ? Encore une fois, la voix est superbe et la mise en scène arrive réellement à nous faire comprendre la menace qu’il est, mais pourquoi il a une moustache ? Enfin, c’est peut-être un effet d’ombre mais ça donne vraiment l’impression qu’il a une moustache et c’est le seul point réellement critiquable du personnage. Même si en vrai, ce détail esthétique n’est pas dramatique, juste un peu bizarre pour le personnage.

• On ne peut pas nier que le long-métrage est un peu lent malgré qu’il soit intéressant. Le souci est qu’il traîne pas mal sur toutes les séquences. Alors, ça donne une bonne ambiance, une horreur réussie et une belle esthétique assumée mais il est probable que certains décrochent à cause de la trop longue durée (surtout quand le premier film durait beaucoup moins longtemps).

• En terme d’émotion, ça ne marche pas tant que ça. En fait, le long-métrage tente de nous faire ressentir de la peine pour certains personnages mais on a du mal à réellement ressentir quoi que ce soit pour eux. Même Ellen qui est la plus menacée, on a du mal à ressentir quoi que ce soit pour elle.

• Non pas que la mort d’un certain personnage soit mauvaise mais elle fait un peu étrange dans le procédé. On ne va pas spoiler cette mort ici mais sachez qu’elle est réellement étrange (PARTIE SPOIL pour plus de détails).

Au final, Nosferatu semble être une nouvelle version intéressante pour fêter les 100 ans du long-métrage original. Encore une fois, on ne peut pas comparer les deux pour 100 ans de différence mais on sent que Robert Eggers a mis une grande passion à faire ce long-métrage comme il l’entend. On a une mise en scène soignée, une esthétique magnifique, des personnages très intéressants dans un triangle amoureux bien développé (coté théâtral que le réalisateur aime bien faire dans son style), des musiques superbes, un jeu d’acteur au top et une tension efficace. Après, il est vrai que le long-métrage est un peu lent, que l’émotion ne marche pas et que certains moments de mise en scène sont critiquables (très peu mais tout de même). Malgré ça, c’est une nouvelle version intéressante de l’histoire de Nosferatu qui saura satisfaire malgré une longueur qui se sentira un peu trop. C’est tout de même avec ce long-métrage qu’on se rend compte que Robert Eggers aime adapter des tragédies de façon très théâtrales dans ses derniers films, ce qui n’est pas pour déplaire.