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Nosferatu
6.4
Nosferatu

Film de Robert Eggers (2024)

Cette nouvelle illustration de Nosferatu, qui sort dans les salles obscures en MMXXIV, est un écho lointain de l'œuvre éponyme sortie de l'ombre en MCMXXII, un autre millénaire en somme.

Hommage vibrant et terrifiant d'un conte issu du Dracula de Bram Stocker, paru en MCIIIM, cette dernière version en date apparaît comme un écho fidèle de tous les archétypes du genre. La couleur, proche du noir et blanc, verra des teints blafards, des carnations exsangues, des regards céruléens, des écoulements sombre rubis, des plaies carmines sur un fond de vermine marron grise qui charrie la peste bubonique.


Dès l'entame du film, l'ambiance est posée : rêves obscurs, cauchemars récurrents d'une jeune femme dans une ville teutonne où le ciel nuageux bas offre des paysages pastels. Les clairs et obscurs se chevauchent pour créer une atmosphère d'angoisse. Les personnages se meuvent dans un environnement souvent nocturne ou peu éclairé. C'est encore pire lorsque le jeune clerc de notaire se rend dans en Transylvanie rencontrer le comte Orlock, aristocrate valétudinaire qui réside dans un château séculaire sis au cœur de montagnes hostiles au genre humain. Sa fiancée l'avait pourtant prévenu des périls mais le jeune ambitieux se rendra compte par lui-même que la présence du Mal n'est pas une fable. Une scène particulièrement marquante, lors du périple du jeune impétrant, se déroule sur un chemin de terre au milieu d'une forêt de résineux. Tandis qu'il arpente cette sente à peine éclairée, dans une chappe de silence renforcée par la chute langoureuse de flocons glacés, une attelage de coursiers sombres comme la nuit jaillit des ténèbres dans une terrible cavalcade. S'arrêtant devant le jeune homme pétrifié, la porte latérale du carrosse s'ouvre seule et sans bruit, l'invitant à monter dans ce véritable cénotaphe ambulant.

Le cahier des charges est rempli, tout y est. Le contrat rédigé avec le public, dans une obscure langue vernaculaire, sera cacheté et paraphé de la plume volontaire, parachevant la tragédie sanglante qui s'annonce. Celui dont l'existence même est une insulte à la vie pourra libérer le fléau sur le monde. A la virginale beauté et son fringant époux se joindra le vieux maître des forces occultes, le séide corrompu par le Mal, la terreur des peuples vis-à-vis d'une maladie léthale médiévale. Tout concourt à faire sursauter le spectateur dans d'obscurs couloirs, de sombres cryptes, de mystérieuses et poussiéreuses études.

La créature s'avère répugnante, son interprète, Bill Skasgard, méconnaissable sous ses infâmes oripeaux. Entre prothèses et images de synthèse parfois légèrement outrancières, le spectateur ne peut que frémir d'effroi. La scène finale est à cet égard particulièrement réussie, tant l'horreur le dispute à une malsaine fascination.


Le casting est à mon sens tout à fait solide, depuis Lily-Rose Depp, impressionnante dans son interprétation, jusqu'au malheureux Nicholas Hoult en passant par le mystique Willem Dafoe. Cette galerie d'interprètes donne corps à un récit devenu mythe qui suit des sentiers bien battus du vampirisme classique. On trouvera là peut-être la limite de l'exercice, même si les effets d'ombres utilisés demeurent tout à fait convaincants, loin de débauches numériques trop souvent obscènes.


Alors ce Nosferatu, catastrophe ? Non, catafalque.

Apostille
7
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le 28 déc. 2024

Critique lue 23 fois

1 j'aime

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