Que dire de ce tout récent film de vampire ? Croyez-moi, j'en suis sorti assez éprouvé tant le rendu des ambiances très froides et gothiques, des expositions entre les ombres et les lumières, et de certaines scènes d'horreur, qu'elles soient montrées directement ou suggérées, ont marqué l'esprit.
Lily-Rose Depp (les yeux de son père) joue à la perfection son rôle d'amante envoûtée du monstre, elle est impressionnante et sait tirailler entre compassion et crainte vis à vis de son personnage entre le jour et la nuit, entre douceur et obscénité. Le vampire qui la visite est réussi, joué par un Bill Skarsgård méconnaissable dans la peau putréfiée d'un monstre qui suggère une peur bien palpable, toujours présenté dans l'ombre ou dans un focal flouté jusqu'à dévoiler son aspect de non-mort pestilentiel. Une peur que ressent un autre personnage, le mari de l'épouse convoitée par le vampire, campé par le très bon acteur, Nicholas Hoult, exprimant à merveille sa terreur pendant le séjour dans le château ; on a peur avec lui. Les ambiances d'ombre et de lumière ont un rendu bien glacial, notamment dans les Carpates avec précisément cette séquence dans la forêt où la clarté brumeuse peine à percer l'obscurité de conifères imposants.
Des scènes de vampirisations et de dévorations sont susceptibles de laisser des marques pour un bon moment dans toute leur cruauté et leur ignominie sanglante qui sont montrées. Les bruits des déglutitions du monstre sur ses victimes sont répugnants aux oreilles.
Aucun acteur ne fait défaut dans ce film glaçant et gothique, comme la prestation de Simon McBurney dans le rôle de Knock qui nous rend horrifié et celle également de Aaron-Taylord Johnson dont son personnage est happé dans une situation horrifique qui le dépasse. Willem Dafoe interprète un docteur en occultisme avec justesse.
Alors, une réussite ce film ? Franchement, ça ne m'a pas laissé indemne avec toute la noirceur et la morbidité qu'il dégage.
Je n'ai toujours pas vu les Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau (1922) et de Werner Herzog (1979) mais ils sont dans mes projets de les regarder avec grand intérêt.