C'est un film troublant, qui nous plonge dans une impression inconfortable mais dont on tire de la volupté - à vrai dire comme le personnage d'Hélène excellemment interprétée par la sylphide Lily-Rose Depp. Le film est très charnel, le sexe est au cœur de l'incarnation de Nosferatu, la possession sexuelle en tout cas - le sang menstruel est d'ailleurs évoqué dans le film. Nosferatu exerce une fascination physique - bien que monstrueux au plus haut degré - sur les personnages mais aussi sur les spectateurs. C'est finalement un vrai triangle amoureux : la femme, le mari, l'amant. On pourrait presque faire une lecture symbolique et féministe du film (attention spoiler) : Hélène est "hantée" par son ex qui exerce une emprise psychologique sur elle, et la harcèle copieusement ; et elle va se sublimer pour tirer un trait définitif sur lui tout en assurant son mari - sensible et déconstruit - de son amour... La scène finale - qui reprend celle de Murnau et surtout d'Herzog - me fait penser par son ambiguïté et sa sexualité brute, imposée à la scène du viol des Chiens de paille de Peckinpah. Les personnages de Dustin Hoffman et Nicolas Hoult ont pas mal de points communs. Leur lâcheté et leur lutte contre le mal incarné par des mâles alpha qui veulent rapter leur femme. Ceci dit Nosferatu est aussi un pur film de genre, romantique et léché, comme Eggers sait en faire. Très classique finalement. Trop ?