---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série de critique. Tu es ici au dixième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici : http://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux aller directement au deuxième paragraphe. Bonne soirée. ---
Le trouble m'a envahit de plus belle. Il y a un trou dans mes dates. Je n'ai aucun souvenir de ce que j'ai fait ces soirs là, plutôt que de suivre mon traitement. Je me suis réveillée chaque matin avec le teint pale et un gout amer dans la gorge. Moi qui voulait voir la super lune... Quoi qu'il en soit, j'ai décidé de revenir aux bases, un bon film d'horreur, qui soit une adaptation propre du roman de Stocker, de préférence réalisé par un allemand. Eh, je dois bien rattraper mon retard.
J'ai donc regardé Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog. Dès le générique, j'ai été assez surprise de découvrir le nom d'Isabelle Adjani (mais j'ai vérifié sa filmographie, et ce n'était finalement pas le premier film avec elle que je voyais. Dommage, ça aurait marqué le coup). Mais le générique a quelque chose de bien plus remarquable. Dieu que c'est glauque. D'un glauque tiède et gluant, de ceux qui nous révulse et qui nous attire sans qu'on sache vraiment pourquoi. Les couleurs qu'on devrait appeler "chaudes" tirent en fait sur un vert maladif, les mouvements de caméra qu'on aurait du dire "aérien" sont en fait saccadés et bancales... Tout est savamment mal fait (dans le sens ou j'ai bien conscience que les techniciens l'ont fait exprès, et que c'est terriblement bien -mal- fait) pour accompagner ces images en elles-même dérangeantes de momie sur fond de chœur aux consonances de Requiem. Cela me rappelle ma première claque horrifique du mois, Vampyr ou l'étrange aventure de David Grey. Mais tout ceci est bien vite oublié, et je remet de suite la palme du plan le plus mignonou-trop-choupi-les-bébés-chats-d'amour dans un film de vampire. Par contre j'ai juste une question : A quoi ça sert ? Ces chats n'ont aucun intérêt quelconque dans le scénario, on ne les revoit d'ailleurs que vite fait de loin une heure plus tard. M'est avis que ce plan a bien conscience de sa mignonitude, et que Herzog joue du contraste violent entre ces plans et ses plans d'introduction. Et ainsi, tout nous semble malsain dans ce contraste, et par extension même les bébés-mignons-chats.
Bon, et donc les choses s’enchaînent, d'abord assez rapidement, puis avec un ralentissement assez dur à encaisser où on suit le personnage dans son long et ennuyeux voyage en solitaire vers le château du vampire. C'est intelligent en matière de réalisme et d'ambiance, mais un peu chiant quand même, admettons-le. De même que le rythme s'enlise, les images tirent de plus en plus vers l'obscurité, et l'aspect raté des mouvements de caméras reviens de plus belle, comme dans les plans de l'introduction. Et comme on les a vus, ces plans à la même esthétique, on plaque notre ressenti face à eux sur la suite du film, qui en adopte le style. C'est diablement intelligent. Et même avec cette maîtrise de l'horreur relevant du génie, j'ai quand même sursauté d'effroi face à l'apparence de notre vampire. Ah bah oui. C'est pas "Dracula fantôme de la nuit", mais bien "Nosferatu, fantôme de la nuit", et ce n'est pas qu'un clin d’œil sympa à son compatriote et prédécesseur. Je ne sais pas lequel des deux Nosferatu est le plus ignoble. Ils ont tous les deux ces dents jaunes pointues laides, ces ongles jaunes pointus laids, cette dégaine boiteuse, ce teint laiteux malsain... A nouveau, je pense à Vampyr, et à sa maîtrise de l'horreur parfaitement ficelée. Mais là ou Vampyr s'appuyait pour ça sur un scénario brumeux baignant dans le mystère, le film de Herzog s'amuse en plus à surfer sur un scénario parfaitement lisible et prévisible. Et ça marche quand même. On avance la peau frissonnante jusqu'à cette scène, summum du malsain, ou Isabelle Adjani (sublime et talentueuse au passage) "s'offre" au vampire, dans une scène ou clairement, l’ambiguïté entre morsure et sexe n'est vraiment plus si ambiguë que ça.
Et voila, j'avais vraiment pas d'idée sur comment clore cette critique (mes fins tombent toujours un peu à plat, mais alors là c'est pire que tout), alors je vais juste relever un fait historique : Ils ont enfin balancé la chauve-souris en plastique qu'ils avaient trouvé à la Foir'fouille presque 40 ans plus tôt ! Un sentiment de victoire et un même temps une petite pointe de nostalgie m'envahissent. Bien que s'appuyant sur le mythique et tout premier film de vampire qui ai vu le jour, Nosferatu fantôme de la nuit, en disant "Non !" à la chauve souris en plastique, signe le début d'une nouvelle ère...